L'Ombre des morts
Nous sommes aujourd’hui dans un monde sans foi ni loi, il n’y a désormais plus que la survie qui compte. Ces événements signaient la fin d’une ère, la fin de l’humanité ou presque… Ainsi, trois mois seulement après la “catastrophe”, le jour J, il n’existe plus de gouvernement, il n’y a plus de politique, plus d’économie, plus de justice, plus d’hôpitaux,... L’humanité elle-même semble être anéanti alors que quelques hommes tentent encore de survivre. Il n’y a plus d’électricité, plus d’internet, plus de téléphones portables, ou de télévisions. Pour les êtres humains encore en vie, il n’est plus que questions de survie et rien d’autres, c’est tout ce qui importe.
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Contexte
Nous sommes aujourd’hui dans un monde sans foi ni loi, il n’y a désormais plus que la survie qui compte. Ces événements signaient la fin d’une ère, la fin de l’humanité ou presque… Ainsi, trois mois seulement après la “catastrophe”, le jour J, il n’existe plus de gouvernement, il n’y a plus de politique, plus d’économie, plus de justice, plus d’hôpitaux,... L’humanité elle-même semble être anéanti alors que quelques hommes tentent encore de survivre. Il n’y a plus d’électricité, plus d’internet, plus de téléphones portables, ou de télévisions. Pour les êtres humains encore en vie, il n’est plus que questions de survie et rien d’autres, c’est tout ce qui importe.
Evénements
Au fil de son évolution et de son histoire, l’Homme a découvert et a appris tant de choses qu’il en a oublié la chose la plus fondamentale et la plus basique de notre univers : son rapport avec la nature. Une chose a toujours été vraie et le sera toujours, la nature est le mur porteur de cette planète, elle en est la pièce maîtresse. Ce sont les règles imposées par la nature qui nous ont permis de nous élever au dessus des autres espèces animales et ce sont certainement les mêmes règles qui nous extermineront…
En 2015, l’être humain a conquis tellement, a découvert et a appris tellement et pourtant il s’est tellement enfoncé dans l’illusion que personne ne s’est rendu compte de rien. Le gouvernement a préféré cacher la vérité et les médias n’ont fait que de détourner la réalité. Un des avions qui s’était écrasé en début d’année transportait probablement une des cargaisons les plus importantes de toute l’humanité.
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 Le Nouveau Monde

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Maxime Pearson
Maxime Pearson

Le Nouveau Monde
L’endroit était calme. Le lieu était parfait pour écrire.

L’homme fit un geste de la main et le perturbateur s’éclipsa. Pouvoir que seuls les consommateurs possèdent. C’était un bar français un peu chic, bourré de ces clichés qui plaisaient tant aux gens. Les serveurs avaient leur manière, leur accent et surtout leur berret que probablement plus ou presque plus personne ne porte aujourd’hui.

Dans quelques minutes, l’homme qui s’appelait Maxime Pearson allait voir son destin bouleversé. Après de longues années de dur labeur, de nombreux coups de fil et du cirage de bottes à rendre jaloux un plancher, il était finalement parvenu à prendre rendez-vous avec le producteur qui pourrait changer sa carrière. Une tasse dans la main gauche, son clavier d’ordinateur dans la droite. Il relisait une dernière fois ce mail qu’il avait reçu, cet amas de lettres et de mots qu’il avait attendu si longtemps, qu’il avait rêvé et qui l’avait tenu éveillé tant de nuits. Sur ces genoux, la prunelle de ces yeux, l’original. Le script de sa première adaptation cinématographique. « Avec sang-froid », son premier roman, n’avait pas eu un franc succès au début mais, à sa surprise, avait décollé un an après sa sortie. Sa meilleure réussite aujourd’hui. L’envie de le voir adapté au cinéma lui était venu après. Voir son imagination à l’écran, voir les images qu’on avait en tête devant les yeux de plusieurs milliers de spectateurs. Un peu comme une religion. C’est une idée qui avait rapidement fini par l’obséder. Et donc, trois ans après cette première publication, le voilà à Stanford pour réaliser, peut-être, un de ces nombreux rêves.

Un chien aboie. Son chien.

Maxime l’appelle, il vient lui lécher la main et s’assoit. Merlin a presque dix ans. Son plus vieil ami et son fidèle porte-bonheur. Il l’accompagne presque partout. Maxime est loin de chez lui, rien ne l’attend particulièrement mais il n’est pas à sa place ici. Il n’a pas vraiment d’amis qui lui est cher, si ce n’est son ex-femme, son chien et son producteur qu’il allait rencontrer aujourd’hui après quelques années sans le voir.

Cette journée était ensoleillée, ce jour était beau.

On pouvait entendre les oiseaux chantés, par intermittence entre les railleries d’un vieux marchand de glace et les klaxons d’un trafic bien trop dense pour une rue de cette taille.

Une sirène retentit, les véhicules s’écartent et se resserrent de peur de perdre leur place.

Puis une seconde, même manège.

Au loin, au bout de la ville, on aperçoit un camion renversé et un début d’incendie.

Quelques exclamations ici et là, quelques badauds avec leur smartphone.

Un pneu éclate. Sursaut. Nouvelles exclamations. De quoi amener du pain au poule, rien de neuf, c’est la ville.

Maxime est loin de chez lui, cette ville n’ennuie. Hormis un passage de son futur, elle ne contient rien d’intéressant. Les gens ne sont pas intéressants, l’architecture n’est pas intéressante, le rythme de vie n’est pas intéressant. Non. Maxime espère en finir vite avec cette ville. Mais ce ne sont que des pensées passagères, l’entretien qui l’attend occupe tout son esprit.

Deux filles rigolent. Elle dévisage et dévore des yeux un des serveurs depuis leur arrivée, trop absorbé par son travail pour s’en rendre compte. Un jeune couple, tous les deux blonds, n’échangent aucun mot, ils restent scotchés sur leur téléphone en attendant leur consommation. Un homme en costard sirote son café en lisant les actualités du jour sur son téléphone, ou peut-être bien le court de la bourse. Dans un petit parc en face du café-bar, des gens de toute âge courent, font du vélo, tentent de maintenir une forme et un physique qui leur conviennent. Maxime, lui, paie son dû et se dirige vers son lieu de rendez-vous, un immeuble à quelques pas d’ici.

Un nouveau pneu éclate sous l’effet de la chaleur.  Nouveau sursaut. Nouvelles exclamations. Nouvelle sirène.




Maxime sort de l’ascenseur, il est accueilli par une vieille dame en robe de chambre. Elle lui tourne le dos. Il sourit et la salut par politesse, elle ne prend par la peine de se retourner. Il continue son chemin. Le couloir est sombre, les murs sont fades, le sol est brillant.

Il frappe à la porte trois fois. Il attend un instant puis refrappe à nouveau. Un homme dans un costume sur mesure lui ouvre. Il doit avoir la quarantaine mais sa peau est beaucoup trop bronzée, beaucoup trop tiré pour son âge. La laque dans ses cheveux n’arrange pas cette première impression. Maxime contient tant bien que mal une grimace pendant un sourire que trop forcé. L’homme lui tend un verre de champagne, il le prit à contre-cœur dans sa main droite tandis que le curieux personnage lui souhaitait la bienvenue comme s’il l’invitait à entrer en enfer. Il se retourna, un air à la fois gêné et impressionné par toute l’extravagance et l’arrogance dont faisait preuve ce type en une seule phrase. La vieille dame n’avait pas bougé. Il entra.

L’appartement était moderne, la porte d’entrée donnait sur un couloir assez large pour y faire passer quatre personnes. Les murs étaient habillés de trophées cinématographiques. Souvenirs et mise à vue de son égo au dimension excessive. Au bout du couloir se trouvait la salle à manger et une vue imprenable sur la ville. Plus on avançait et plus on découvrait la pièce, plus petite que l’on se l’imaginait. Comme si tout le budget était passé dans le couloir de l’entrée. Une table en verre, des chaises de velours, une cheminée électrique, un sofa bien trop grand pour une seule personne, une télévision au moins de la taille de son égo et une cuisine équipée.

Le producteur s’appelait Brian Clayton. C’était un « ami » de longue date avec qui, pour des raisons évidentes, ne souhaitait pas particulièrement garder contact mais avec qui, malgré tout, avait un lien fort. Ils avaient, d’une certaine manière, partagé la même femme autant d’années l’un que l’autre. Brian ne la côtoyait plus, encore une fois pour des raisons évidentes, contrairement à Maxime qui la voyait encore et avec il allait régulièrement, encore aujourd’hui, au restaurant pour échanger quelques mots. Elle le soutenait dans ses projets et, à vrai dire, c’était elle qui l’avait poussé vers Brian. Il lui était donc redevable même si ces goûts en matière d’homme étaient tout à fait discutables. Il parlait en connaissance de cause.

- Alors Max, il marqua une pause et prit une gorgée de champagne, t’as fait bonne route ? Comment trouves-tu mon nouveau chez moi ? Ça fait combien de temps qu’on s’est pas vu ? Toujours avec ce vieux clébard ?
- C’est sympa, mentit-il en ne répondant pas aux autres questions.
Brian reprit, en ne prêtant pas réellement à sa réponse, J’ai adoré, je te le dis tout de suite. Autant le bouquin j’avais eu un peu de mal, autant ton script, je l’ai trouvé…

Il porta sa main à sa bouche et fit un geste « à l’italienne » un peu maladroit et lui fit un de ces sourires carnassiers. Il avait lu le livre, Maxime avait toujours eu le doute. C’était déjà un bon signe. Était-il en train de pactiser avec le diable ? Il jetait un rapide coup d’œil au tableau et affiche du couloir sans réellement les voir d’où il se tenait. Aucun de ces auteurs n’étaient mort mystérieusement, aucun n’avait disparu à jamais, aucun ne semblait souffrir de sa rencontre. Il s’était renseigné.

- Je te remercie, alors comment va se dérouler la suite ?
- Ton script passe déjà entre de bonnes mains. Il circule déjà dans des studios que j’ai moi-même contacté et, si j’ose dire, y’a déjà de jolies rumeurs qui circulent. Mais je préfère te faire la surprise pour le moment.
- Donnes moi au moins un nom.

Brian hésita un instant puis sourit.

- David Fincher.

Maxime sourit, à nouveau gêné et perplexe à la fois.

- Et encore tu n’as rien vu. Il leva son verre. Félicitations mon ami. Bienvenue dans l’industrie cinématographique.

Le nom sonnait terriblement mal mais Maxime ne put s’empêcher de retenir un nouveau sourire, laissant apparaître une dentition charmeuse et banale en même temps. Il était heureux, tout ce travail avait fini par payer. Ou finirait par payer. Il leva son verre à son tour et…

« Brouuuuf vraaaak »

Une explosion, un immense fracas retentit. Les vitres de la salle à manger tremblaient, menaçaient de s’écrouler dans une pile de verre brisée. Merlin aboie. Sous le choc, Brian lâcha son verre qui, lui, en revanche, s’écrasa sur le sol. Les deux hommes échangèrent un regard inquiet et s’approchèrent incertains de la grande vitre. Il était difficile de distinguer la rue de cette vue mais plus on y prêtait attention et plus les murmures de la ville ressemblaient à des cris. Les sirènes se firent de plus en plus oppressantes. Les deux hommes ne parlaient plus, les sourires s’étaient effacés. Incertitude. Il tentait en vain d’apercevoir quelque chose sans grand succès.

- Oh…Mon dieu… Qu’est-ce…
- Je sais pas.

« Poum Poum Poum Poum »

Sursaut. La porte. Quelqu’un frappe à coup répété. Les deux hommes se regardent, surpris et pris de court.

- Tu attends quelqu’un ?

Pas de réponse. Merlin aboie. Brian se dirige vers la porte. Par réflexe et instinctivement, Maxime le suit. Le couloir lui paraît plus long et plus étroit qu’à l’allée. Brian regarde dans le judas. Sans un mot, il ouvre.

- Madame, vous êtes bl…

La vieille dame avance. Elle a les yeux vitreux, elle est pâle. Elle ne dit rien. Elle avance. Elle « bondit », « la gueule » en avant. Elle déchire, arrache. Du sang, beaucoup trop de « sang ». Il y en a partout. Il ouvre la bouche, aucun mot ne sort. Il se débat, il donne des coups. Merlin aboie. Maxime ne bouge plus, ne comprends pas. Brian s’accroche et frappe dans le vide. Maxime est sonné, manque de tomber. Il est dos au mur. Le couloir est étroit, il ne sait pas quoi faire. Maxime est « loin » de chez lui. Brian recule, elle s’accroche encore davantage. Elle griffe et ne lâche pas prise. Ils manquent de tomber à plusieurs reprises. Il la frappe, deux fois. Merlin aboie. Elle ne « lâche » pas. Maxime doit faire quelque chose, il doit « agir ». Il ne parvient pas à bouger. Il est tétanisé. Maxime est loin de chez lui. La table vole en éclat. Ils ne tombent pas. Elle est à son cou, elle « mâche », elle le « dévore ». Il n’arrive pas à la pousser. Maxime se retourne, le voit. Il accourt vers lui. Son ami a les yeux révulsés par la peur et par la détresse. Ce sang. Trop de sang. Merlin aboie. « Leur poids ». Ils basculent. Ils ne sont plus là… Les bruits de la ville envahissent l’appartement. Tous ces cris. Les sirènes. Des pneus qui… Non. Des coups de feu. Maxime porte sa main gauche à sa bouche. Une soudaine envie de crier. Rien ne sort. Le goût de fer. « Horrible ». Il crache, se retient un moment. Il vomit. S’essuie le visage. Trop de sang. Il panique, tente de faire disparaître ce goût amer. Il attrape son téléphone portable. Les lignes sont occupées. Rien.

« Bouuuum Paaak Paaak »

Nouvelle explosion, il sursaute. Il faut qu’il sorte d’ici. Maxime récupère instinctivement son script et ses affaires. Il ne se retourne pas. Il appelle l’ascenseur. Merlin aboie, ces griffes se plantent dans ces jambes. Il le repousse. Les gens sortent de leur appartement. Il panique. Merlin s'enfuit. Il le rappelle, il ne vient pas. Les lumières oscillent. Il panique. Qui sont ces gens ? Il court et prends la cage d’escalier. Merlin aboie. Il manque de tomber, plusieurs fois. Il saute les marches par quatre, peut-être plus. Ces articulations lui font mal, elles encaissent. Combien d’étage ? Beaucoup trop. Merlin n'est plus là. Où est-il ? Il arrive enfin à l’accueil. Des personnes courent. Une berline noire évite le trafic, fonce sur le trottoir et manque de faucher un groupe de jeunes. Des sirènes mêlées à des hurlements. De la fumée noire, des cendres et des braises. Sur le pallier de l’immeuble. Du sang, les « corps ». Il se retient à nouveau. Il déglutit et avale. Goût amer dans la bouche.

- « Oh… Mon… Dieu… »


Maxime est loin de chez lui, il déteste cette ville.



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La Réalité en face
Survivre ou Mourir


Maxime est loin de chez lui, il déteste cette ville.

Les corps sans vie de la vieille femme et de Brian gisent sur le pavé brûlant. Ce n’était sûrement qu’une impression mais ils semblaient encore « bouger ». Mais ce qui était encore plus terrifiant encore c’était qu’« elle » était encore agrippée, du sang coulait du cou de son ancien producteur. La gravité avait fait le reste.

« Le reste »

Maxime ne put s’empêcher de tourner son regard. Il échappa un rot et déglutit, manquant encore une fois de dégueuler son petit déjeuner. Il ravala rapidement le contenu, un goût abject sous la langue vint lui piquer les yeux.

Alors qu’il reprend peu à peu ses esprits, Maxime se retrouve rapidement happer par le chaos présent tout autour de lui.

Un flic menace avec son arme de poing un groupe de « gens » qui s’avancent vers lui sans reculer. Sans crainte et sans « peur ». Il tire une fois, deux fois puis trois. L’instant d’après, son corps disparaît sous le poids de six personnes. Il hurle, appelle à l’aide. Ses cris s’effacent dans ce décor macabre et bruyant. Maxime reste debout sur le palier de l’immeuble, totalement impuissant et aveuglé par l’incompréhension de cette situation. Ici et là, des gens courent de manière frénétique, tentent de s’éloigner un maximum de ce bordel sans nom. Les flammes consument petit à petit les rues de Stanford, la ville est devenue rouge sang. Un homme à quatre pattes est plongée dans le ventre de son chien, sa laisse pend encore sur son poignet et est encore attaché au cou du clébard. Sa carcasse remue et gigote à mesure que les mains de l’homme progressent dans les entrailles de l’animal. Où est Merlin ? Où est-il passé ?
Une voiture fonce en trombe sur la chaussée sans prêter gare à la signalisation.

« Krrraaaaam Bliiiiiing »

Accident.

« Krrrroummm vraaaaaaak »

Explosion.

Une personne, peut-être plusieurs, vient de perdre la vie. L’instant suivant, le bouffeur de canidé se fait faucher par un camion de glace jouant une mélodie peut adéquate à la situation, le même qu’il avait vu et entendu quelques heures auparavant. Après une trainée de sang de plusieurs mètres, le chauffeur semble avoir totalement perdu le contrôle du véhicule et vient s’encastrer dans la vitrine d’une boucherie. Ironie.

« Brraaaaam Kliiiing »

Nouvelle explosion. Sursaut.

Par réflexe, Maxime rentre petit à petit son cou dans ses épaules. Il bat des cils à une vitesse anormalement folle, comme si ces yeux ne réalisaient pas encore ce qu’ils étaient en train de voir. Ses jambes ne bougent plus. Il est complétement tétanisé. Il ne sait ni quoi faire ni quoi penser. Il se contente d’observer.

Est-il en train de rêver ? Est-il en plein cauchemar ? Est-ce la réalité ? Comment pouvait-il en être certain ?

Non loin de là, un appartement est en flammes. Les fenêtres ont explosé, la fumée laisse entrevoir des ombres à l’intérieur. Désespérée, une personne saute. Personne ne l’entend, personne ne la voit. D’autres, en feu, ne tardent pas à la suivre. Des torches humaines qui tombent du ciel sans que personne ne témoigne de ce spectacle morbide et atypique.
Soudain, on le saisit par le bras. Maxime sursaute, se débat. Son costume se déchire. Un homme, de la trentaine, portant la casquette et le gilet d’une enseigne connue, le regarde d’un air désolé et lui dit d’un ton paniqué.


« M’sieur, faut pas rester là ! »


Le jeune homme regarde par-dessus son épaule, à gauche puis à droite.


« Faut… Faut bouger ! Les… Les… Les… Morts ! Vous… Vous comprenez ? Ils…. Ils reviennent ! »


Et sans plus attendre, il prit ses jambes à son cou. Maxime l’appelle, tente de le suivre. Mais ce dernier est plus rapide, plus vif et plus jeune. Au final, il ne parvient ni à le suivre ni à obtenir une réponse quelconque. Un « merde » lui aurait pourtant suffi. Et sans qu’il ne s’en rende vraiment compte, il se trouvait désormais dans un endroit de la ville qu’il ne connaissait pas dans une sorte de migration unidirectionnelle remplie de gens de toutes sortes et de toutes ethnies. Cette foule courait ou marchait rapidement. Toutes ces personnes semblaient s’accorder dans la direction à prendre mais, malgré cette sorte de cohésion mutuelle, ils ne semblaient pas vraiment ensemble. Personne ne s’adressait la parole, personne ne semblait vouloir partager son savoir sur la situation mais chacun semblait pourtant avoir vécu quelque chose. Tout le monde semblait sur leur garde, à l’affût. Attentif au moindre bruit, sursautant à la moindre explosion, au moindre coup de feu.

Au début, les premiers « corps » allongés sur le sol provoquèrent des exclamations, des murmures et des pleurs. Ensuite, ils étaient simplement ignorés. Les gens fermaient les yeux sur ce qui les entouraient, une manière tout à fait naturelle de se protéger.

Qu’avait-t-il voulu dire par « Les morts reviennent » ? Pourquoi ces attaques ? S’agit-il d’un acte terroriste ? Pour quelles autres raisons une vieille dame de la soixantaine attaque un homme ? Pourquoi un homme « bouffe » son chien ? Pourquoi des coups de feu n’arrêtent pas un groupe de personnes, ne les fait même pas réagir ? Les gens étaient-ils en train de devenir fou ?

Rien ne faisait sens et plus il tentait de réfléchir et plus Maxime avait des questions.


« Vous savez ce qu’il se passe ? », tenta-t-il auprès d’un groupe de jeunes à sa portée.


Hésitant, l’un d’entre eux vint lui répondre.


« C’la merde. Il en parle partout sur internet. « C’est » partout dans le monde. »


Le jeune homme, qui ne devait avoir tout juste la vingtaine, lui tendit son portable pour lui montrer des images d’actualités en direct. Maxime reteint un hoquet de stupéfaction. Le jeunot fit rapidement défiler avec son doigt le flux d’informations puis rangea son portable dans sa poche. Il lui fit un signe de la main en lui souhaitant bon courage. Maxime ne put s’empêcher de porter une main à sa bouche alors que le groupe de jeunes s’éloignait. Qu’était-il en train de se passer ? Pouvait-on interpréter tout cela comme une sorte signe ? Est-ce que c’était la « fin » ? Et au moment où ces pensées lui traversaient l’esprit…


« Entendez ! Voyez ce que vous avez fait ! Ville du péché et du chaos ! Tremblez sous le couru du seigneur ! Les démons errent parmi nous ! Seuls les justes seront épargnés ! »


Plus loin devant lui, un vieux fou tenant une Bible déblatérait  des inepties catholiques quand une dame se détacha de son groupe. Elle n’était pas bien plus âgée que lui mais elle devait sûrement faire deux fois son gabarit. Elle portait un t-shirt  avec l’emblème de « Superman » sur la poitrine. Lui était frêle, chétif et presque chauve. Il portait des lunettes carrées qu’il accompagnait avec un de ces accoutrements ridicule et facilement identifiable. Elle s’approcha et, sans prévenir, lui colla une gifle puis une deuxième derrière la tête.


« Fermes là avec tes conneries où je te fais bouffer ta Bible ! Tu fais peur aux gosses ! »


Le vieux prêtre, surpris, cracha son venin à ses pieds et répliqua verbalement en pointant son doigt menaçant.


« Vile démon ! Tu pourriras en enfer ! Pleurez sur votre sort ! Craignez la colère du seigneur ! Hérétique ! Fornicateur ! »


Encore une fois, avec une rapidité étonnante et sans crier gare, la femme lui colla son poing au milieu du visage. Le vieillard tomba à la renverse et atterrit un peu plus loin sur son fessier. Ses lunettes lui couvraient à moitié son visage et il s’empressa de les pousser pour poser ses deux mains sur son nez afin de retenir le sang qui coulait en grande quantité.


« Elle… elle… elle m-a cas-sé le … nez ! »


Personne ne réagissait. Tout le monde se contentait de regarder ou d’ignorer la scène. Une personne, probablement pour se donner bonne conscience, se détachait du groupe pour l’aider à se relever mais les échanges n’allèrent pas plus loin.

Des gosses. Maxime se rendit compte que la rue en était pleine. Des enfants de toute âge, certains étaient accompagnés de leurs parents, certains étaient seuls. Tous avaient l’air apeuré. Il y avait de quoi. Une maîtresse d’école en débardeur et en jupe, totalement paniqué, comptait ses élèves en les faisant progresser dans cette marche qui ne faisait sens. Elle les comptait en boucle comme si un des enfants pouvait disparaître à tout moment, en tentant tant bien que mal de contenir des sanglots.

Où va le monde ? Est-ce que toutes ces personnes avaient une simple idée de la direction qu’ils suivaient ? Qui conduisait cette immense caravane ?

Maxime regardait autour de lui, il ne reconnaissait rien. Plus ils avançaient et plus il se perdait encore un peu plus. Plus il lui semblait s’éloigner de sa seule chance de rentrer chez lui un jour. Mais il lui était pourtant impossible de faire demi-tour.

La rue était bondée et étouffante. Des cendres virevolteraient, se collaient aux vêtements. La majorité des personnes autour de lui était couverte de sues et on entendait des toux ici et là. En levant les yeux, on pouvait se rendre compte de l’épaisseur de la fumée qui envahissait peu à peu la ville. Le ciel était presque de moins en moins perceptible. Peu importait la distance qu’ils pouvaient prendre, il y avait toujours des explosions et des coups de feu et, par moment, des cris, des hurlements. Les gens sursautaient, s'exclamaient, se renfermaient sur eux même. Maxime se sentait de plus en plus mal à l’aise. Il avait l’impression désagréable d’avoir une boule au ventre. Il ne connaissait pas cette ville et son instinct, une envie irréprochable parcourait tout son être. Il voulait fuir cet endroit, il voulait retourner chez lui. Il fallait absolument qu’il « la » retrouve. Il voulait s’assurer qu’  « elle » allait bien. Il voulait désormais trouver la seule personne qui lui était encore cher aujourd’hui. Où était-elle ? Où était son ex-femme en ce moment ? Où était Sarah ? Que faisait-elle ? Etait-elle en danger ? Un frisson lui parcouru le dos, la boule se faisait de plus en plus imposante, était de plus en plus gênante et douloureuse. C’était comme si quelqu’un tentait de lui extirper de force.

Pouvait-il seulement espérer la retrouver ? La reverrait-elle un jour ?

Et soudain, un poids immense vint s’abattre sur ses épaules. Comme si toute la fatigue qu’il avait accumulée ses derniers jours venait de le frapper au visage. C’était comme si subitement, l’horreur de la situation, que ces yeux s’étaient efforcés d’enregistrer et assimiler jusqu’à maintenant, était finalement monté à son cerveau.

« C’est partout dans le monde. »

C’est « PARTOUT » dans le « MONDE »



Maxime se mit à trembloter, c’était plus fort que lui. Il ne parvenait plus à se contrôler. L’idée qu’il ne pourrait plus jamais rentrer chez lui, qu’il ne reverrait probablement plus son chien. L’idée qu’il ne pourrait peut-être plus jamais revoir Sarah l’envahit. Elle prit possession intégrale de son corps. Il serra les poings comme pour contenir quelque chose sur laquelle il n’avait plus aucune emprise. Il fut pris d’un hoquet qu’il tenta de retenir un instant. Sans même qu’il ne s’en rende compte, ses joues furent rapidement noyées sous un flot continu que rien ne pourrait stopper.

Et il lâcha prise.

Maxime éclata en sanglot sans pouvoir s’arrêter. Ses jambes, à contre cœur, continuait d’avancer tandis qu’il plaquait ses deux mains sur son visage, comme pour cacher une honte qui n’avait plus lieu d’être. Il ressentait de la peur, de la rage, de l’injustice et de la tristesse. Des émotions et des sentiments qui se bousculaient dans sa tête.

Et alors que la ville criait et souffrait autour de lui, Maxime murmura ses mots qu’il graverait dans son esprit et qui allait lui donner un sens dans ce nouveau monde.


« Je veux rentrer chez moi… »



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Ce joli chaos
Insensé



« Je veux rentrer chez moi… »

Autour de lui, les gens étaient à nouveau calmes. On entendait même des chuchotements parmi les bruits et les cris douloureux de la ville. On se questionnait, on réfléchissait. On se retrouvait et se regroupait, on formait des petites communautés. À ces heures sombres et catastrophiques, pendant un court moment, les hommes et les femmes nous redonnent foi, nous montrent qu’ils peuvent cohabiter, qu’ils peuvent se soutenir les uns et les autres. Une jeune femme aide un vieillard à marcher, un jeune garçon donne sa bouteille d’eau à un jeune couple. Certains essayent même de sourire, de se rassurer les uns les autres. Ils se rapprochent, se parlent, se rassurent, se réchauffent. Mais,… comme si le destin s’acharnait sur lui…

« Gliiiing Craaaaash Baoum! »

Une Explosion. Plus proche. On entend le verre explosé, le bois et le métal s’écroulé. Maxime ne vit que les flammes, les débris et la fumée au-dessus de toutes ces personnes paniquées. Pendant l’espace d’un instant, il crut même voir des morceaux humains volés dans le ciel.

« Des morceaux humains » Rien que ces mots n’avaient aucun sens. Ces mots étaient atroces, ils étaient hideux et laids, vulgaires et repoussant. Ils n’avaient rien à faire dans sa vie et pourtant…

Les gens étaient de nouveau apeurés. Maxime vit les groupes se scinder. Ils courent, s’écartent, se divisent et s’enfuient. Plus aucune cohésion, plus aucune solidarité. Les gens se dispersent. Maxime aperçoit alors au loin l’enseigne d’un restaurant indien, les flammes s’échappent de l’édifice. Ils voient des corps devant le bâtiment. Beaucoup de corps. Ils sont à moitié brûlés, immobile, au sol. Ils se relèvent.  La maîtresse crie. Les enfants courent. Elle essaye de les attraper, de les garder grouper. Elle tire sur les bras d’un enfant. Elle n’y parvient pas. Un homme en feu a attrapé l’enfant. L’homme mord l’enfant. L’homme en feu brûle l’enfant. La maîtresse crie. La maîtresse hurle et pleure. Un autre homme, avec un morceau de métal presque plus grand que lui coincé dans l’estomac attrape la femme. Personne ne l’aide. Maxime ne l’aide pas. Maxime s’enfuit. Maxime court pour sa vie. Une dizaine ? Une centaine ? Un millier ? Combien sont-ils ? Qui sont-ils ? « Que » sont-ils ?

Maxime court, s’échappe, fuit l’endroit. Le plus loin possible. Il entre dans une rue plus étroite, plus sombre. Le chaos y est différent, plus froid. Des hommes avec des foulards sur le visage balancent des pavés sur une boutique d’informatique. Les vitres de la façade se fissurent à de multiples endroits avant qu’un des casseurs ne fonce dessus. Ils passent à travers. On entend des cris à l’intérieur puis un coup de feu. Le silence retombe un instant. Maxime regarde la scène, impuissant et secoué et, encore une fois, décide de fermer les yeux. « Encore une fois ».  Les foulards  le jaugent, le défient du regard. Maxime ne s’arrête pas, il ne les regarde pas. Il poursuit sa course effréné comme si de rien n’était. Un homme crie derrière lui.

« Hey ! Connard ! Viens là ! »

Maxime  se retourne mais ne s’arrête pas. Un des foulards semble le suivre, cherche à l’interpeler. Ils portent une veste à capuche noire et un foulard rouge délavé. Il a une arme à la main droite, un revolver plus précisément, et un portefeuille à la main gauche.

« PAN ! »

Un éclair de feu. Un bruit sourd, gras et sec. Son oreille siffle. Elle souffre, elle lui donne la sensation de brûler de l’intérieur. « Il lui a tiré dessus.  L’homme lui a tiré dessus. »
Maxime plaque sa main contre son oreille.

« C… ça…. Ba…..e….. to…. Du…on…. ! »

L’homme lui crie dessus. Maxime hurle à son tour et accélère. Les casseurs se marrent et lui court comme il n’a jamais couru. Il est essoufflé. Ses poumons lui brûlent les côtes, son cœur frappe contre son torse à une vitesse folle. Ses jambes se crispent et semblent brûler ses tissus. Ses mollets, ses pieds, ses cuisses. Tout son corps souffre mais il ne s’arrête pas. Ses vêtements sont devenus inconfortables, ils brûlent et le ralentissent. Maxime pleure. Il pleure de terreur, de douleur et de tristesse. Son corps lâche. Il s’effondre et tombe lourdement en poussant un râle étouffé. Il se relève péniblement et reprend sa course. Il se met à boiter. Il passe à côté de deux hommes, bien trop occupé à lui prêter attention. Ils se battent. L’un deux portent un t-shirt blanc et pisse le sang. Les deux s’insultent. L’un décroche un crochet du droit, l’autre s’effondre sur le sol. Il se relève, secoué, et s’enfuit. L’un voit Maxime.

« Qu’est-ce t’as toi ? T’en veux aussi ?! »

Maxime ne répond pas, ne s’arrête pas. Il l’a à peine entendu. Il ne regarde pas, il détourne le regard et continue. Maxime a peur,  il n’en peut plus. Il ne veut pas y croire, il veut simplement arrêter de courir. Il veut comprendre. Il veut vivre…

« C’est ça ! C’est ça ! C’est bien ce que je pensais ! Casses toi ! Pignouf ! Tapette ! »

Après seulement quelques minutes qui lui parurent durer une éternité, les cris et les bruits de plus en plus lointains lui font prendre conscience qu’il est désormais seul. Il n’est pas en sécurité mais il est seul. Il est seul et pourtant il n’est toujours ni rassuré, ni sorti d’affaire. Est-ce une bonne ou une mauvaise chose ? Il l’ignore. Il constate également qu’il ne coure presque plus. En réalité, il se traîne lourdement plus qu’il n’avance réellement… Respirer, souffler, garder son calme. Reprendre ses esprits. Énorme soupir. Il manque de cracher ses poumons et de s’étouffer.  Son corps lui parle, son corps appelle et lui dit de s’arrêter, de se reposer. Il ne peut résister à ce rappel à l’ordre et prend donc le temps d’observer la rue dans laquelle il s’est engouffré sans réfléchir. Manquant de chuter à quelques reprises, il pose sa main sur un pot de fleurs surdimensionnées et se penche dangereusement vers le sol puis finit par s’effondrer, cul en premier. Il tire la grimace et souffle un moment pour exprimer sa douleur. Tout en frottant avec délicatesse ses cuisses et ses mollets, il prend connaissance des lieux.

Autour de lui, une rue piétonne. Des riverains ont visiblement tenté de partir en voiture mais ils ne sont pas allés bien loin. Ils se sont retrouvés bloquer devant une borne escamotable. Il suffit de quelques secondes pour comprendre ce qu’il s’est passé. Le véhicule en tête semble effectivement bloqué par la borne. Légèrement surélevé par le mécanisme, il a vraisemblablement condamné le seul accès possible pour des véhicules de cette taille. Derrière lui, un automobile a tenté de le pousser mais c’est retrouvé accrocher à son pare-choc arrière. Les suivants ont tenté de forcer le passage. Sans succès. Les conducteurs ont probablement dû continuer à pied.

Sur sa gauche, la porte d’un immeuble, à moitié sur la chaussée, a dégueulé probablement des gens paniqués par dizaine au vue de son état. Dans le hall, un vélo à la roue tordue traîne sur le sol sur un lit de courriers et de lettres qui n’ont sûrement pour la plupart plus aucune utilité aujourd’hui. Taxes, impôts, publicités…

Sur sa droite, certaines échoppes dans le quartier semblent encore ouvertes et sont simplement figés dans le temps. Il ne manque plus que des personnes pour alimenter cette scène atypique mais pourtant si commune. On s’imagine voir des gens sortirent de leur cachette et reprendre leurs mouvements et leurs activités. Des sacs et des cabas laissés sur place, la caisse enregistreuse encore ouverte et pleine de billets. En tendant l’oreille, on parvient encore à entendre la musique de certains magasins. D’autres, moins chanceux, on subit le courroux des casseurs et des pillards. Les vitrines fracassées, les néons inquiétants qui clignotent de manière frénétique, les étagères renversées.  Des scènes qui donnent alors l’impression qu’un ouragan est passé dans la rue.

Puis, il y a ce magasin derrière lui. Une épicerie. Ce n’était pas pour rien qu’il s’était arrêté là. En vérité, elle lui faisait de l’œil depuis quelques minutes. Il hésite. Il n’y a probablement personne là-dedans. Il hésite. Il prend son courage à deux mains et se relève. Il approche de la porte d’entrée. Il la pousse et entre.

« DING »

Il sursaute. La sonnette de la porte. Rien de plus. Il expire. Il avance dos courbé, d’un pas incertain et inquiet. Il chuchote.

«  Il y a quelqu’un ? Hey Ho ? Y’a quelqu’un ? »

Pas de réponse. Il expire à nouveau, soulagé. Son dos se relève, il se tient droit et avance dans le fond du magasin pour y trouver quelque chose à boire et à manger. Là. Il s’approche d’un frigo, l’ouvre et prend un sandwich au jambon et au beurre ainsi qu’une bouteille d’eau fraîche. Il referme la porte puis aperçoit un miroir dans le coin accroché au plafond. Il s’en approche et se regarde. Il a l’air fatigué, exténué même. Un vieillard qui n’a rien à faire ici, un vieux con à l’air aigri. Il expire. Il retourne vers le comptoir et, aussi bête ce geste pourrait-il paraître, sort son portefeuille et en sort quelques dollars. Et, comme pour se donner bonne conscience, ajoute :

« Voilà, trois dollars et quarante-neuf cents, le compte y est. »

« BAM »

Il sursaute. Il manque de faire tomber ces petites provisions. Un coup contre une paroi, ou contre une porte. Personne dans la rue. Cela vient donc de ce magasin.

« Il y a quelqu’un ? »

« BAM »

Ses paupières s’ouvrent un peu plus, son visage se crispe. Il a des fourmis dans les mains, des frissons dans le dos. L’échoppe n’est pas bien grande. Une seule porte. Il hésite.

« BAM »

Maxime pose la bouteille et le sandwich sur le comptoir et s’approche doucement de la porte.

« BAM »

Il pose délicatement sa main sur la porte et approche son visage pour écouter.

« BAM »

Il entend une sorte de gargouillis, gazouillis étrange puis comme un étouffement, comme si quelqu’un peinait à respirer. Prenant le peu de courage qu’il lui restait il recule et, au ralenti, pose sa main sur la poignée.

« BAM »

Il retire sa main aussitôt. Il hésite. Et si cette personne était malintentionnée, et si c’était un de ces casseurs… Il n’avait absolument rien pour se défendre. Il regarde à nouveau autour de lui. Rien. Peut-être que… Derrière le comptoir, avec un peu de chance. Il avance d’un pas rapide jusqu’à la caisse et entame une recherche minutieuse. Il ouvre des tiroirs, cherche dans des placards puis…

« Bingo ! »
« BAM »

Une barre à mine, bien mieux que rien du tout, moins bien qu’une arme à feu. Il retourne à la porte, un peu moins hésitant. Il pose sa main sur la poignée, la tourne doucement et recule en tenant l’arme à deux mains, collée contre sa joue droite. Le métal froid le brûle légèrement, le tient en éveil. Ses doigts se crispent et prennent une teinte blanchâtre.

« CLAC »

La porte s’ouvre et grince dans une complainte  gênante. Une silhouette peine à avancer. Elle pousse avec ses épaules et son crâne, se cogne à répétition dans le cadre et la porte. Maxime se raidit, ses yeux s’écarquillent. Un hoquet de surprise, de stupéfaction et de dégoût manque  de faire tomber la barre en métal. Ses paupières battent frénétiquement, il a envie de fuir. Il ne peut pas, il ne parvient pas à bouger.

« N’a-…. N’approchez pas ! » dit-il en bégayant.

Il n’eut comme réponse qu’un râle faible et gutturale ainsi que des gargouillis étrange et dégoûtant. La femme en face lui n’avait strictement plus rien d’humain, elle n’était plus qu’un amas de chair déambulant. Sa gueule à moitié déchiqueté lui donnait un sourire narquois et excentrique, comme si à tout moment elle allait éclater de rire. Ces yeux vitreux le transperçaient du regard, elle lui glaçait le sang. Elle marchait péniblement dans sa direction, elle boitait sur sa cheville disloquée, manquant de trébucher à chaque instant sur ces tripes qui pendaient  dangereusement. Elle portait un pantalon noir et un haut blanc. On voyait encore accroché à son col un badge du magasin. Son chemisier blanc était couvert de sang, complètement déchiqueté, il laissait  entrevoir une poitrine généreuse.

Soudain et sans qu’il ne s’y attende, elle accéléra le pas. Ses tripes tapissaient le sol et, les bras en avant, elle semblait vouloir l’attraper. Surpris, Maxime tenta d’esquiver mais il ne réagit que bien trop tard. Il bascula en arrière, elle lui tomba dessus lourdement sur ses hanches et sur son ventre. Il se mit à crier, complètement paniqué.  La femme, comme pour lui répondre, se mit à grogner et à claquer des dents de manière agitée et frénétique. Elle approchait son visage.

« Elle voulait le mordre. »

Dans l’action et sans s’en rendre compte, il avait lâché la barre à mine qui avait volé à l’autre bout du rayon. Il posa sa main gauche sur le front de la femme qui semblait pousser de toutes ces forces. Maxime se mit à paniquer. Il n’arrivait plus à respirer. Elle était forte. Maxime était exténué, affaibli par ces longues courses. Instinctivement, son corps réagissait à cette agression. Il se mit à hurler, rattrapé par la peur et par cette situation qui n’avait aucun sens dans le monde dans lequel il vivait. Tout se passait beaucoup trop vite. Elle était trop forte, plus forte qu’elle n’y paraissait. Elle se rapprochait dangereusement. Elle est plus énergique que lui, sa volonté ne semblait pas avoir de fin.


Maxime n’hésite plus. Sa main droite cherche autour de lui. Elle trouve. Il se saisit d’un objet cylindrique, le prend à pleine main. Il hurle et frappe de toutes ces forces.

Du sang.

Un grognement.

La femme tombe lourdement sur le côté.

Il respire.

Elle tente de se relever.

Il l’insulte.

Il crie.

Elle grogne.

Il la plaque sur le sol avec sa main gauche.

Il grimpe à califourchon sur elle. Ses tripes font un bruit atroce, Maxime a les fesses imbibées de sang.

Puis il frappe. Une fois. Deux fois. Trois fois.

Puis il ne compte plus.

Il ne se contrôle plus, il ne se voit même plus agir. Il entend le bruit des os et de la chair qui explose. Le choc des impacts fait trembler ses muscles. Du sang. Beaucoup trop de sang. Son visage en est couvert. Elle ne bouge plus. Elle ne grogne plus. Il ne s’arrête pas. Ses dents éclatent et volent aux éclats, son nez se ratatine, sa tête craque, se fend et s’ouvre. Beaucoup de sang. La conserve qu’il tient dans la main explose et déverse son contenu sur le corps inerte, se mêle à la cervelle qui dégueule de son crâne. Maxime se jette sur le côté, tombe lourdement. Il vomit. Il n’a rien dans l’estomac. Il se traîne au fond du magasin. Il ne veut pas regarder. Il tremble. Il regarde ses mains, elles sont couvertes de sang. Son visage est plein de sang. Du sang partout. Il peine à regarder autour de lui. Il sanglote, il fond en larme. Il ne sait plus où se mettre.

« Elle… Elle…. M’a… Sauté dessus… Elle… Elle m’a… Attaqué… J’ai pas…. J’ai pas eu le choix… »

Il respire.

« J’ai pas eu le choix… J’ai pas eu le choix… J’ai pas eu le choix… C’est pas possible… »

Il respire.

« C’est un cauchemar ! »



Codage par Libella sur Graphiorum
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