L'Ombre des morts
Nous sommes aujourd’hui dans un monde sans foi ni loi, il n’y a désormais plus que la survie qui compte. Ces événements signaient la fin d’une ère, la fin de l’humanité ou presque… Ainsi, trois mois seulement après la “catastrophe”, le jour J, il n’existe plus de gouvernement, il n’y a plus de politique, plus d’économie, plus de justice, plus d’hôpitaux,... L’humanité elle-même semble être anéanti alors que quelques hommes tentent encore de survivre. Il n’y a plus d’électricité, plus d’internet, plus de téléphones portables, ou de télévisions. Pour les êtres humains encore en vie, il n’est plus que questions de survie et rien d’autres, c’est tout ce qui importe.
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Contexte
Nous sommes aujourd’hui dans un monde sans foi ni loi, il n’y a désormais plus que la survie qui compte. Ces événements signaient la fin d’une ère, la fin de l’humanité ou presque… Ainsi, trois mois seulement après la “catastrophe”, le jour J, il n’existe plus de gouvernement, il n’y a plus de politique, plus d’économie, plus de justice, plus d’hôpitaux,... L’humanité elle-même semble être anéanti alors que quelques hommes tentent encore de survivre. Il n’y a plus d’électricité, plus d’internet, plus de téléphones portables, ou de télévisions. Pour les êtres humains encore en vie, il n’est plus que questions de survie et rien d’autres, c’est tout ce qui importe.
Evénements
Au fil de son évolution et de son histoire, l’Homme a découvert et a appris tant de choses qu’il en a oublié la chose la plus fondamentale et la plus basique de notre univers : son rapport avec la nature. Une chose a toujours été vraie et le sera toujours, la nature est le mur porteur de cette planète, elle en est la pièce maîtresse. Ce sont les règles imposées par la nature qui nous ont permis de nous élever au dessus des autres espèces animales et ce sont certainement les mêmes règles qui nous extermineront…
En 2015, l’être humain a conquis tellement, a découvert et a appris tellement et pourtant il s’est tellement enfoncé dans l’illusion que personne ne s’est rendu compte de rien. Le gouvernement a préféré cacher la vérité et les médias n’ont fait que de détourner la réalité. Un des avions qui s’était écrasé en début d’année transportait probablement une des cargaisons les plus importantes de toute l’humanité.
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 La première nuit

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Charlotte Becker
Charlotte Becker
À bout de souffle, Charlotte avait les poumons en flammes. Un goût métallique de sang remplissait sa bouche à chaque battement de son cœur. Elle n'avait jamais supporté ce goût. Cette saveur si particulière du trop plein d'effort. Du corps au bout de ses limites. À la salle de sport, elle veillait à ne pas connaître cet état.

Mais ici il n'était pas question de brider ses forces. Même si son corps avait dû mal à prolonger l'exploit. Elle avait quasiment traversé tout le champ qui séparait les rails de la forêt. Mais s'enfoncer dans l'étendue arborée avec une valise à quelques heures de la tombée la nuit était ce vraiment une bonne idée ? Quelques rescapés du train reprenaient leur souffle dans le sous bois. D'autres s'étaient déjà engouffré entre les arbres. Mais les malades avançaient lentement et ils étaient à bonne distance maintenant.

Un homme essayait de convaincre sa compagne de retourner en ville. Elle avait préféré partir à pied vers leur famille, à la campagne. Les mêmes options tournaient dans la tête de Charlotte. Mais le chaos de la ville ne semblait pas la solution. Elle avait déjà eu tant de mal à quitter Stanford. Elle ne pouvait pas prendre le risque de se retrouver à nouveau piégée dans la ville.

D'après le GPS de son téléphone il y avait une départementale après la “forêt”. Qui n'était à priori qu'un bosquet artificiel. Mais il faisait tout de même près de 800m d'épaisseur. Elle allait prendre le risque. En ne traînant pas et si le chemin n'était pas trop accidenté cela ne lui prendrait pas plus de 25 minutes.

Sans se préoccuper des groupes qui discutaient à la lisière, elle entama sa traversée. Les 25 premiers mètres étaient relativement dégagé mais à partir de là, le terrain évoluait en pente raide. Rien d’insurmontable cependant.

À peine avait-elle entamé son ascension qu'on la héla.


- Hey ! Tu va où comme ça ?

Un homme, à peu près son âge l’avait suivi. Jean, t-shirt, la peau et les cheveux noirs, sacs à dos sur l'épaule.

- Je vais à pied jusqu’à la départementale. Je vais faire du stop jusqu'à Saint-Mary.

- Je viens aussi ! Faut pas rester seul dans le coin. Ces morts-vivants sont pas rapides mais c'est des putains d'opportunistes.


L'inconnu s'appelait Cooper et était en école d'arts appliqués. Il rejoignait sa famille par le même train même si ses parents habitaient la gare précédent Saint-Mary. Un compagnon de route idéal en somme. Avec Cooper a ses côtés, elle avança rapidement. Il la dépassait de 2 bonnes têtes et il avait gentiment proposer de porter sa valise. Un gain de temps énorme. En 23 minutes montre en main, ils se trouvaient derrière la barrière de la départementale. Ils avaient pourtant entendu la route bien avant de la voir. Mais au lieu de percevoir le bruit des pneus qui craquaient sur l’asphalte, ils entendaient une cacophonie de klaxons.

Devant eux s'étendait des lignes infinies de voiture alignés. Des voitures immobiles. La départementale était saturée de bus, voitures, vers et véhicules en tout genre. De là où ils étaient, ils estimaient l'embouteillage à 3 ou 4km. Et il devait s'étendre encore plus car ils n’en voyaient qu’une partie. Ce fut Cooper qui,le premier, en découvrit la raison. Charlotte avait seulement pensé qu'il s'agissait uniquement de gens qui fuyaient la ville. C'était le cas bien sûr mais un bouchon finit par se dissoudre.


- Charlotte, il y a des voitures vides. Les gens ont quitté leur voiture.

Des gens fuyaient en effet leur véhicule les laissant immobiles dans le bouchon. Condamnant les autres par la même occasion. La jeune femme eut un haut le cœur. Comme eux les gens étaient bloqués à Stanford. Les voitures devenaient inutiles. Il fallait marcher. Quitter la ville et rejoindre la campagne où le déplacement en voiture serait possible.

Pendant quelques instants ils n’osèrent même pas se parler. A pied, le trajet s’annonçait bien plus long que prévu. Il fallait déjà remonter toute la départementale. Il existait certainement d’autres chemins mais longer la départementale leur permettrait de ne pas s’égarer. Décision fut prise de suivre la départementale dans un silence de plomb. A plusieurs reprises, ils aperçurent de loin des “malades” mais ils firent attention à en rester loin.

Ils se rendirent à l’évidence assez rapidement. Tant qu’ils étaient vers la fin du bouchon les voitures vides étaient rares. Mais cela n’avait duré que sur une centaine de mètres. Le reste des voitures étaient totalement vides.


- Regarde celle là !

Cooper avait repéré une voiture d’une grande marque avec un profil sportif et une peinture mate. Il n’y avait pas besoin de s’y connaître pour comprendre qu’elle avait une certaine valeur.

- Elle est vide ! Quel gâchis…

La voiture était à 1m de la barrière à peine. Le jeune homme dut estimer que le danger était mesuré puisqu’il sauta par dessus la barrière. La voiture n’avait même pas été verrouillé. Cooper se glissa à l’intérieur, s’installa derrière le volant, frottant ses épaules contre les sièges en cuir. Après ce qu’ils venaient d’affronter dans le train, cela paraissait presque surréaliste et stupide de jouer au “riche”. Charlotte sentit la tension quitter ses épaules. Le voir faire semblant de conduire, de passer les vitesses, régler les rétroviseurs avait quelque chose de vraiment joyeux. Charlotte avait l’habitude des belles voitures. Toute sa famille possédait de belles voitures, au dessus de la moyenne et la voiture l'impressionnait bien moins. Mais lui semblait aux anges.

- Hé regarde ! On dirait que notre riche bonhomme a laissé son goûter.

A l’intérieur du véhicule, il avait trouvé des bonbons, des chocolats, et même des biscuits. Il était presque 20h et le soleil commençait à décliner. Elle n’avait même pas pensé à prévenir sa famille. Elle s’empressa de le faire et rangea le téléphone dans sa poche.

- Cooper il va faire nuit bientôt.

- Oui pardon ! En route…. Mais je prends les gâteaux !


Leur allure s’était accéléré cette fois. Ni l’un ni l’autre ne parlait vraiment. Etait-il vraiment utile de se confier leurs angoisses ? Charlotte commençait trouver étrange que personne ne soit sur la même route qu’eux. 25min plus tard ils arrivèrent à proximité du péage qui annonçait la fin de la national et l’entrée de l’autoroute.

Il y avait un brouhaha impressionnant qui émanait d’une foule de personne massé devant le péage. Une quarantaine avait-elle été mise en place à l’entrée de la ville ? Fallait-il simplement montrer qu’on n’était pas malade pour avoir le droit de passer ? Ils allaient falloir qu’ils se renseignent sur les modalités.  


- Avec un peu de chance, ils ont mis des navettes en place plutôt que de laisser les gens aller n’importe où avec leur voiture.

- Oui sûrement. A la voix de Cooper, Charlotte sut qu’il n’en pensait pas un mot.


A seulement 3m de la foule, Charlotte commença à repérer les traînées de sang au sol, les éclaboussures sur les vêtements des personnes, l’absence d’enfants et les étranges sons qui émanaient. Ce qu’elle avait pris pour des discussions n’étaient que des sons gutturaux.

- Cooper ?

- Je sais. Fais demi tour calmement.


Valise rose de Charlotte à la main, il repartit dans le sens opposé au péage avec un calme incroyable. L’étudiante ne faisait pas preuve du même self-control. Sans être totalement paniquée, elle avait le ventre totalement noué et le souffle court et elle ne pouvait s’empêcher de tourner régulièrement la tête vers les malades. Ils ne semblaient pas les avoir vu.

Un bruit de scooter au loin alerta aussi bien les deux marcheurs que les malades. Arrivés à quelques mètres du péage, deux scooters comprirent qu’ils étaient bloqués comme l’avait compris quelques minutes plus tôt les jeunes. Ils firent alors demi-tour sans même prêter attention à Charlotte et Cooper. Les scooters slalomèrent entre les voitures et s’éloignèrent rapidement contrairement à eux.

Un seul échange de regard leur suffit. Ils partirent en courant et franchirent la glissière de la départementale, mince rempart entre eux et les malades. Cela ne suffirait pas. Ils n’allaient pas vite mais ils étaient nombreux. Peut être plus d’une cinquantaine. Cooper et Charlotte repassèrent par dessus la glissière de l’autoroute et firent comme les scooters en passant entre les voitures. Cela les ralentissaient mais les malades étaient aussi ralentis.

Contrairement à eux les malades ne semblaient pas se fatiguer. Au bout de 25 minutes de cavales et avec la nuit qui tombaient il fallait trouver un abri de fortune. Avisant un camping car à quelques centaines de mètre, Charlotte proposa d'y passer la nuit. Au moins il disposait d'une fenêtre de toit et le camping car leur paraissait plus rassurant qu'une voiture.

Ils s'accélèrent afin de semer les malades et firent irruption dans le véhicule. Cooper fit le tour et fouilla afin de s'assurer que personne d'autre ne s'y cachait tandis que Charlotte fermait la porte. Lorsqu'il lui confirma que le véhicule était "safe", ils entreprirent de pousser un coffre-banquette contre la porte. Le meuble était plutôt lourd afin de ne pas se balader dans l'habitacle et ils eurent du mal à le déplacer. Il dépassait de chaque côté de la porte ce qui le rendrait encore plus difficile à dégager pour quelqu'un venant de l'extérieur. Un peu plus tard, ils trouvèrent la clé sur le contact et ils purent même fermer à clé.

Dans un premier temps cependant ils avaient surtout décidé de fermer tous les rideaux afin de masquer toutes les fenêtres et installèrent le pare soleil à l'avant afin de se rendre invisibles aux yeux des malades.

Enfin à 21h08, après 6min qui leur avaient paru une éternité, Charlotte vérifia l’avancée des malades qui allaient bientôt déferler autour du camping car. Les deux étudiants s’assirent à même le sol, adossés l'une au frigo et l'autre a une porte de placard. Ils entendirent les malades se rapprocher et heurter les parois du camping car. Pendant plus d'une heure, ils attendirent. Charlotte vit qu'elle n'avait plus de réseau. Elle montra l'icône à Cooper qui après vérification avait le même. Plus de réseau. Ils attendirent encore une heure. A 23h08, leur estomac criaient famine. Avec précaution, elle ouvrit le frigo et découvrit des sandwichs et des packs d'eau. Charlotte avait elle même un sandwich maison qu'elle partagea avec Cooper. Puis ils avaient entamé quelques biscuits et des bonbons.

Ils ne parlaient pas et limitaient les bruits à la limite de la parano puisqu'ils avaient ouverts les emballages au couteau. Avec le recul tout ces gestes semblaient cruciaux et utiles sur le moment mais sordide avec le recul. 23h45. Cooper lui signe de dormir mais elle refusa. Il insista a voix basse.


- Dors ! Je monte la garde.

- Et toi ?

- Ça va je me suis levé à 13h ce matin.

- Je dors si tu me réveilles dans 3h.


Il fit signe qu'il acceptait. Charlotte alla s'étendre sur le lit au fond du camping-car et Cooper s'assit par terre en travers de la porte de la chambre. Malgré les gargouillis des malades et leurs coups qu'ils portaient parfois a la carrosserie, elle finit par trouver le sommeil.

Elle eut l'impression qu'elle n'avait dormi qu'une seconde. Mais elle avait dormi pendant 4h. Il était 4h15 du matin. Cooper prit sa place dans le lit mais lui tendit une micro lampe USB à fixer sur tablette. Il avait lu pour passer le temps. La petite lampe n'avait pas une grande luminosité. Tout juste suffisante pour éclairer le livre que Charlotte avait emmené. Même plongé dans sa lecture, elle ne parvenait pas à se couper du monde. Ils avaient tout barricadé et il n'y avait donc rien à surveiller. Mais elle écoutait surtout. Le bruit était constant. Le nombre de malades ne semblaient pas varier jamais.

Que faisaient-ils ? Encerclaient-ils le camping-car ? S'agissait-il d'une marée ininterrompu de malades qui avançaient vers la ville. Étaient-ils seulement malades ? Son frère avait parlé de morts vivants, Cooper les avait appelé morts-vivants. Qu'étaient-ils vraiment ? Charlotte pensa à ses parents dont les voisins étaient malades. Eux non plus n'étaient plus en sécurité. Étaient-ils en sécurité ? Étaient-ils malades ? Morts peut être. L'étudiante n'avait jamais été réellement proche de sa famille. Ils s'entendaient bien, les conflits étaient rares. Mais en cas de problèmes, elle ne se tournait pas systématiquement vers eux préférant chercher une solution par elle-même.

La nuit passa lentement. Quand devait-elle réveiller Cooper ? Elle décida de le laisser dormir au moins 3h ou même 4h. La situation serait-elle vraiment différente si elle le réveillait à 8h plutôt qu'à 7h ? En vérité, la situation évolua bien plus que prévue. A 6h, le soleil commença à se lever. A 6h35, elle n'avait plus besoin de la lampe qui allait bientôt aller la lâcher. A 7h, elle eut l'impression que l'ambiance était différente mais elle dut attendre 7h16 pour réaliser que les râles des malades s'étaient éloignés. Elle ne bougea pas.

8h pile. Elle se leva avec précaution et souleva le pare soleil. Rien a l'horizon a l'avant du camping-car. Charlotte se dirigea vers la chambre et grimpa sur le lit. Elle souleva le rideau. Rien non plus. Cooper dormait toujours à poings fermés. La peau chocolat de son visage était totalement relâchée. Ses lèvres formaient une moue boudeuse. Il ressemblait à un bébé. Charlotte constata avec surprise qu'il était plutôt bel homme.. Ils avaient pourtant passé 2h assis l'un en face de l'autre.  


- Cooper. Ils sont partis.

Il s'éveilla quasiment instantanément. Comme Charlotte, il faisait parti des gens qui étaient fonctionnels dès les yeux ouverts. Ils examinèrent chaque direction à travers les fenêtres pour être sûrs.

La jeune femme regretta les heures à attendre. Le retour du soleil imposait de prendre des décisions. Ils échangèrent la valise contre un grand sac à dos trouvé dans l’habitacle. Cooper insista pour emporter une grande couverture. Ils prirent en priorité de l'eau et des denrées non périssables trouvé dans les placards.

Charlotte trouvait cela prudent mais exagéré ? Peut être pas. Elle ne connaissait pas la situation réelle alors autant être préparé.

Sortir du camping-car fut le moment le plus difficile. Cooper sortit en premier. Charlotte dut prendre une grande inspiration pour poser un pied en dehors. Personne ne viendrait. C'était ce que son instinct lui disait. Il ne fallait pas rester ici.

Ils quittèrent la départementale. Et partirent à pied, constatant cette fois des morts dans les voitures. Ils détournèrent souvent le regard. Vers midi, ce fut un malade qui s’agitait couché sur la route qu'ils venaient de rejoindre. Le corps brisé, bloqué sous sa sa moto. Debout devant l'homme, ils ne savaient comment réagir. De toutes évidences, l'homme était “malade”. Ils tentèrent quelques paroles. Mais leur intuition se transforma en certitude. Cet homme n'était plus de ce monde. Il ne semblait attendre qu'une chose de Cooper et Charlotte. Il semblait vouloir leur arracher la gorge et les mordre à pleines dents. Comme les malades dans le train. Se nourrir des personnes saines.

Les malades n'étaient plus malades. Ils étaient morts. Leur conscience était morte. Mais ils étaient encore capable de se mouvoir. Il avait des plaies béantes mais ne saignait plus. Le cœur ne battait donc plus, le sang avait cessé de circuler. Scientifiquement comment cela était il possible ? Charlotte ne le savait pas. Elle aurait voulu libérer cet homme de… de quoi le libérer ? Généralement on abrégeait les souffrances des malades. Mais cet homme avait-il encore conscience de sa douleur, de son corps ? Souffrait-il ? Faute de savoir quoi faire, ils laissèrent l'homme se tortiller. La culpabilité leur coupa l'appétit et ils ne firent même pas de pause pour manger.

Ils suivirent simplement une route de campagne. À deux reprises, des voitures les avaient dépassé sans les prendre en stop malgré leurs signes. Ils avaient aussi croisé des malades mais ils arrivaient à les semer.

15h. Des coups de feu, des mitraillettes se firent entendre. Des voitures blindées stationnées à une intersection canardaient des morts. Voilà. Le mot était intégré à l'esprit de Charlotte. Les balles traversaient leur corps sans les achever. Ils semblaient invincibles. Mais certains s’effondraient. Les morts avançaient pourtant en direction des voitures, semblant ne pas se soucier de mourir encore. Ils ne regardaient pas les étudiants.

Cooper et Charlotte observaient fascinés ce morbide spectacle jusqu'à ce que le dernier mort s’effondre. Des militaires sortirent des véhicules blindés, les mettant en joues. Les étudiants se virent contraints de poser leur sac à terre et de lever les mains devant eux. Tandis que les militaires se précipitaient vers eux, Charlotte et Cooper se rassuraient l'un, l'autre de manière désordonnée. On se quitte pas, n’ai pas peur, ils vont nous aider, on reste ensembles, allez on est sauvé, il doit y avoir des camps militaires, c'est peut être seulement le bordel à Stanford, voilà pourquoi il y a pas beaucoup de voitures, maintenant ça va aller.

Des camps ils y en avaient. Charlotte et Cooper ne furent pas séparés. Le camp avait été installé dans un lycée et les salles servaient de dortoirs. On leur attribua des lits face à face. Les communications étaient coupées. Seule l'armée accédait à des fréquences disponibles. Elle put envoyer un bref message à sa famille. Mais la réponse pouvait mettre des jours à arriver. Ici, on les gardait dans l’ignorance.

Au bout de 2 jours, Charlotte se proposa pour travailler à l'infirmerie. Cooper aida également à transporter les blessés pour les soins qui nécessitait plus de force. Au bout d'une semaine, la routine commença à s'installer. Il y avait une crise. Le pays était touché mais bientôt il était évident que la situation s’améliorerait .
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Maxime Pearson
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La première nuit
Maxime est aux aguets. Ses paupières sont lourdes, ses yeux brûlent. Ils les referment un instant pour se reposer et se frotte le visage de sa main gauche en geignant.  Il se sent poisseux. Ses vêtements sont trempés, ils lui collent à la peau au point où il se demande l’espace d’une seconde s’il s’est uriné dessus. Peu lui importe à cet instant. Son front est luisant et ses cheveux sont gras. L’odeur de sa transpiration et de son haleine lui font tirer une grimace presque embarrassante.  Il tente de se relever pour jeter un coup d’œil par-dessus le volant mais il manque de se brûler en tentant de s’appuyer contre la portière. L’habitacle du véhicule dans lequel il s’est réfugié est un véritable fourneau.

*BRRROUM REUUUH*

Le grondement se rapproche. Maxime plisse des yeux, cherche autour de lui la provenance du bruit. Son sang fait un quart de tour, l’adrénaline lui tape au cerveau. Il se baisse à nouveau. Il n’ose pas bouger, il attend patiemment, avachis contre la boîte à gant…


Quelques heures auparavant…


Maxime avait un genou à terre. Caché derrière un vieux 4x4 retourné, il observait discrètement la situation qu’il avait sous les yeux. Après avoir repris difficilement ses esprits, il avait continué sa route et s’était retrouvé en périphérie de la ville, dans cet endroit relativement calme. Ce qu’il s’apprêtait à faire était éthiquement très médiocre mais il était prêt à tout pour se sortir de ce guêpier et à vrai dire, il n’avait pas d’autres solutions. Il attendait le bon moment pour passer à l’action. La ville était plongée dans le chaos, les véhicules encore en état de circuler et surtout ceux qui n’étaient pas figés dans un trafic intensifié se faisaient limiter. À pas de loup, Maxime s’approchait de la voiture en voûtant son dos comme jamais. Plus il se rapprochait et plus son corps léchait le bitume, son odeur bien distinctive lui prenait le nez mais il en faisait abstraction. Il entendait les voix dans la boutique de la station-service aux vitres désormais éventrées. Ces personnes, quelles qu’elles soient, se vantaient d’avoir démonté la gueule d’un type ou d’une de ces « choses » un peu plus tôt. Maxime accéléra le pas tout en faisant attention où il mettait les pieds.  Puis, arrivé à destination, il se plaqua contre le véhicule et posa la main sur la poignée. Il enclencha le mécanisme le plus délicatement possible. Il regarda rapidement dans le magasin à travers les vitres avant de la voiture, s’assurant que sa présence était passée inaperçue. Il ouvra la portière.

*Clac*

Il rampa à l’intérieur du véhicule. La clé était encore dans le démarreur. Maxime se demanda l’espace d’un instant si ce n’était pas un rêve qui lui jouait des tours ou si ces gens étaient stupides à ce point-là. Quoi qu’il en soit, la chance était de son côté et il ne comptait pas la laisser passer. Sur le siège avant était posé en vrac des bonbons, des chocolats et des biscuits à moitié entamés. Il regarda une dernière fois à l’intérieur de la boutique. Avec un soupir, il posa sa main hésitante sur le levier de vitesse et sur le contact.

*BROUM*

Il enclencha la première vitesse, mit le pied sur l’embrayage  puis sur l’accélérateur. Les pneus frottèrent et gémirent un instant la chaussée puis partirent en trombe, entraînant le véhicule dans leur élan. Maxime regardait dans son rétroviseur. Des créatures approchaient. Les personnes sortaient de la boutique. Elles criaient, hurlaient. Elles lui faisaient signe. Il tentait de les ignorer en sachant pertinemment qu’il n’y parviendrait jamais…

Cela faisait maintenant vingt minutes que Maxime avait pris le volant. Après avoir tourné un moment dans les rues, évitant les débris, le trafic et la panique, il avait fini par emprunter une petite route censée rejoindre la départementale d’après les panneaux, le seul moyen de quitter la ville sans repasser par le centre. Tout se déroulait sans encombre, il restait prudent et calme tout en gardant une vitesse raisonnable. À vrai dire, il se sentait presque en sécurité dans l’habitacle de cette voiture et les sièges en cuir étaient plutôt confortable. Cette route était terriblement calme, il fut même étonné de ne rencontrer âme qui vive. Seules quelques voitures en travers du chemin tentaient de bloquer sa progression mais rien d’insurmontable. Maxime n’était pas réellement à son aise, bien au contraire. Il avait cette désagréable sensation d’être observé, d’être jugé. Par réflexe ou par instinct, son regard glissa sur le rétroviseur. Il eut un hoquet étranglé. Ses yeux s’écarquillaient. Sa gorge se serrait. Porté par cette découverte qui le terrifiait, son pied appuyait davantage sur l’accélérateur. Son regard ne parvenait pas à se décrocher du miroir. Ces derniers heures avaient été éprouvantes et s’il pouvait retenir une seule chose de cette expérience catastrophique c’était bel et bien que les Hommes pouvaient être tout aussi dangereux que ces monstres affamées.

Depuis combien de temps était-il suivi ? Le suivait-on réellement ?

A peine avait-il le temps de spéculer sur ce qui était en train de se passer qu’une des trois motos se détachait de son groupe et se rapprochait dangereusement. Maxime roulait déjà à une vitesse élevée et supérieure à la limite autorisée mais le motard le rattrapait malgré tout. Maxime déglutit, et descendit la ceinture qui lui remontait contre son cou sans savoir que, en réalité, c’était lui qui s’affaissait dans le siège. Le deux roue fit une embardée sur la gauche et se rapprocha de l’avant du véhicule. Maxime, la gorge serrée,  jeta des rapides coups d’œil sans lâcher ses yeux de la route. Il tenta de croiser le regard du motard, attendant un signe de sa part, le moindre geste montrant une quelconque tentative de communication. Ce casque noir ne reflétait rien d’autre que la terreur que Maxime ressentait à cet instant. L’homme, vêtu entièrement d’un cuir sombre et aussi froid que les marcheurs, glissa sa main dans sa veste et en sortit une arme qu’il pointa instantanément dans sa direction. Sans aucune expression, sans aucun mot, il lui fit signe en secouant le pistolet de s’arrêter sur le côté. Roulant toujours à une vitesse excessivement folle, Maxime  réalisa ce qui était en train de se passer. Les véhicules motorisées et plus particulièrement l’essence était devenue en quelques heures une denrée bien plus précieuse que tout l’argent du monde. Le temps s’était arrêté. Il avait l’impression désagréable de se déplacer au ralenti, il avait l’impression de ne pas rouler assez vite. Il se baissa et, dans le même temps, mit un coup de volant sur la gauche. Avant même de pouvoir voir la conséquence de cette décision, il entendit un crissement de pneu et un vacarme métallique. A peine s’était-il relevé qu’il chercha du regard son rétroviseur pour constater les dégâts. La moto était en piteuse état mais pas plus que l’homme qui se trouvait désormais en dessous. Maxime eut un haut-le-cœur. Il tentait de respirer sans vraiment y arriver. Il paniquait. La voiture filait toujours, son regard faisait des va-et-vient sur la route et le rétroviseur. Les deux scooters s’était arrêtés à hauteur de la moto et constataient à leur tour le résultat…

Cinq minutes plus tard, Maxime s’engageait sur la départementale. Coup de frein. Il pile à la dernière minute et manque d’emboutir le pare choc d’un camion. De sa main gauche, il essuya son front pour y enlever la transpiration qui s’accumulait avec le stress de ces derniers événements, mimant dans le même temps l’expression cartoonesque « c’était moins une ». Devant lui s’étendait un serpent mécanique sans fin. Les bouchons s’étendaient à perte de vue mais aucun mouvement, aucune voiture ne semblait avancer. Pas un seul signe de vie, pas un seul coup de klaxon. Rien. Aucun moteur ne semblait tourner. Prise de décision. Il n’y avait pas une minute à perdre. Maxime s’engageait donc sur la bande d’arrêt d’urgence et roulait au pas. Il passait à côté d’une multitude de voitures qui toutes semblaient figées dans le temps. Elles étaient à l’abandon. Les portières étaient ouvertes, des objets en pagaille semblaient témoigner de la panique et de la violence des événements. Au bout de quelques mètres seulement  la voie était finalement bloquée et, après quelques secondes d’hésitation, il dut se rendre à l’évidence que sa route s’arrêtait là et que ce chemin ne l’amènerait pas plus loin. Il devait maintenant continuer à pied et cette idée ne l’enchantait pas tellement. Avait-il vraiment le choix ? Il avait cette impression désagréable, cette sensation constante que quelque chose lui tournait autour et que si par mégarde il prenait le temps de s’arrêter ne serait-ce qu’une minute, un danger de mort viendrait le frapper. Il se mit donc à marcher en espérant pouvoir rejoindre le péage.  Il ignorait tout des dispositions qui avaient pu être pris par le gouvernement ou par l’armée mais il avait un mince espoir que là-bas, peut-être, il pourrait s’en sortir. Peut-être pourrait-il rencontrer des gens, peut-être que….

*BROUM*

Des bruits de moteurs le sortirent immédiatement de sa bulle réflexive. Maxime panique à nouveau. Ils sont encore loin. Il a le temps. Oui. Il a encore le temps. Maxime sort à toute vitesse de la voiture, ferme la portière et se faufile entre les véhicules. Les moteurs se rapprochent. Il ne les voit pas. Il a encore le temps. Oui, il a encore le temps. Il avance encore un peu. Il ne réfléchit plus. Il pose sa main sur la poignée de la première voiture à portée de main. Elle ne s’ouvre pas. Il en essaye une autre. Elle s’ouvre. Il se jette à l’intérieur, recule le siège avant et se plaque le plus possible contre le sol. Il se contorsionne dans des positions improbables et attend le moment fatidique. Pourquoi n’a-t-il pas simplement quitté la route ? Devant cette situation qui lui semblait de plus en plus ridicule et face à ces décisions irréfléchies, Maxime eut un rictus déchirant son visage fatigué.

Maxime est aux aguets. Ses paupières sont lourdes, ses yeux brûlent. Ils les referment un instant pour se reposer et se frotte le visage de sa main gauche en geignant. Il se sent poisseux. Ses vêtements sont trempés, ils lui collent à la peau au point où il se demande l’espace d’une seconde s’il s’est uriné dessus. Peu lui importe à cet instant. Son front est luisant et ses cheveux sont gras. L’odeur de sa transpiration et de son haleine lui font tirer une grimace presque embarrassante.  Il tente de se relever pour jeter un coup d’œil par-dessus le volant mais il manque de se brûler en tentant de s’appuyer contre la portière. L’habitacle du véhicule dans lequel il s’est réfugié est un véritable fourneau.

*BRRROUM REUUUH*

Le grondement se rapproche. Maxime plisse des yeux, cherche autour de lui la provenance du bruit. Son sang fait un quart de tour, l’adrénaline lui tape au cerveau. Il se baisse à nouveau. Il n’ose pas bouger, il attend patiemment, avachis contre la boîte à gant…

« Qu’est-ce que j’ai fait… Qu’est-ce que j’ai fait… » dit-il à voix basse

Et comme pour se convaincre lui-même de ces actions, pour conforter ses choix, il pensa très fort à ce qui aurait pu se passer s’il s’était gentiment laissé faire. Mais cette image n’était malheureusement pas suffisante.

*BRRRRROUUUUUM BRRR BRRR*

La voiture trembla à deux reprises puis le moteur des deux roues s’éloignait. Maxime releva à nouveau la tête et chercha du regard les scooters. Après s’être assuré qu’une certaine distance de sécurité l’éloignait du danger, il s’installa sur le siège passager, la place que son esprit lui donnait l’impression de tenir depuis quelques heures déjà. C’était comme s’il était passé en pilotage automatique, comme si tout son corps réagissait instinctivement à cette situation inhabituelle et cauchemardesque. Il se demandait comment il pouvait tenir encore « debout » bien qu’il soit complètement avachis dans ce siège qu’il trouvait de plus en plus confortable. Il se sentait à la fois très chanceux mais aussi très stupide. Pourquoi diable n’était-il pas seulement sorti de la route ? Pourquoi ne s’était-il pas juste caché dans cette forêt ? Il n’aurait jamais dû s’aventurer dans ce dédale de voitures. Un milliard de pensées et de questions lui traversait l’esprit, Maxime se mit plus à l’aise dans ce lit de fortune. Ses bras étaient lourds, son buste s’affaissait doucement. Il avait l’impression que ses épaules glissaient lentement vers l’avant. Sans même qu’il s’en rende compte, ses paupières se fermaient peu à peu, sa tête se mit légèrement à pencher sur le côté. Il sentait l’assoupissement le gagner sans qu’il ne puisse vraiment le contrôler quand un spasme parcourut tout son corps. Il se réveilla en sursaut et regarda rapidement autour de lui en tentant de se rappeler où il se trouvait et ce qu’il faisait là. Combien de temps avait-il dormi ? Deux ? Cinq ? Vingt minutes ? Plus la lumière du soleil disparaissait et plus il avait dû mal à lutter mais avant qu’il ne se relâche davantage, il prit son courage à deux mains et, avec un profond soupir étouffé, sortit du véhicule.

Il reprit sa route, suivait la colonne de voitures en longeant la barrière de sécurité. Tout allait à vau-l’eau. Il était déshydraté, il avait faim, il était exténué mais il fallait continuer. Ses jambes et ses pieds lui faisaient un mal de martyre, témoignage de ses dernières heures. Alors que les dernières lueurs ne lui indiquaient rien de bon et que le silence autour de lui devenait pesant, il entendit derrière lui des pas cadencés et agités. Maxime se retourna, cherchant la source de ce bruit. Des lueurs lui aveuglèrent le visage puis la foudre. Tout autour de lui, tout se mit à bouger dans toutes les directions. Un groupe de soldats, sortit de nulle part, se mit à lui crier dessus tous un tas d’ordres contradictoires. Il se mit à paniquer, obéissait tant bien que mal en tentant de suivre ce rythme insensé.

- « BOUGES PLUS ! BOUGES PLUS ON T’DIT ! »
- « À TERRE! À TERRE ! GROUILLES TOI ! FOUS TON GROS CUL PAR TERRE ! »
- « LES MAINS EN ÉVIDENCE ! BOUGES PLUS ! »

Maxime ne savait pas quoi penser de tout ça mais d’un autre côté il était rassuré, c’était comme une lueur d’espoir. Il se laissait faire alors que des mains étrangères fouillaient son corps. Il se laissait aller et se mit à chialer comme un gamin en remerciements ces types qui, il l’espérait, étaient là pour le sauver…




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La première nuit
Charlotte regardait par la fenêtre un nouveau camion entrer dans la cours du lycée qui servait de camp de réfugiés. Les évènements ne semblaient ne devoir connaître ni améliorations ni détériorations. Rien ne différait vraiment de l’hôpital du point de vu de Charlotte. A part qu’elle ne se faisait plus vraiment d’illusions sur la gravité de la situation.

Lorsque les cours avaient été arrêté elle avait prêté main forte à l’hôpital pour s’occuper et avoir une nouvelle expérience sur son cv. Ce qu’elle faisait ici, dans ce lycée, ce n’était plus une expérience ni même un acte de bonté. C’était une nécessité. Le message qu’elle avait fait passé à sa famille était resté lettre morte. Et pour cause : toutes les communications étaient coupées. Supposément pour une durée déterminée. Mais le simple fait que tous les moyens de communication soient indisponibles donnait déjà une bonne idée l’étendue des dégâts.

Etaient-ils en quarantaine ? Personne ne le savait.

Que se passaient-ils à l’extérieur ? Personne ne le savait.

On voyait et on l’on déduisait.

Certains soldats ne revenaient pas de leur expéditions. Les patients morts n’étaient pas enterrés mais emmenés à part et sûrement brûlés à faible destination vu la fumée qu’on apercevait de loin et l'odeur qu’apportait parfois le vent. Une maladie rongeait les gens, les rendait violents. Certains parlaient de zombies. Charlotte préférait encore le terme “malades” plus par mauvaise foi que par croyance. Elle avait bien vu la différence entre les personnes qui étaient mordus par les morts et qui étaient réellement malades et les autres. Les autres étaient dépossédés de leur conscience. Certains les qualifient d’animaux mais aux yeux de Charlotte ils ne méritaient pas cette appellation.

Un chien ou un chat reconnaît son maître. Les animaux sauvages même reconnaissent leurs congénères, leurs petits, jouent avec eux, prennent soin d’eux. Mais les malades, les autres malades, ne reconnaissaient ni rien ni personne.

Comment se faisait la transition ? Charlotte l’ignorait. Ils s’agissaient sûrement d’une évolution plus poussée du virus. Heureusement il n’y avait aucun humains non conscients ici. La plupart des malades mourraient juste à cause de la maladie. Ils étaient ensuite transportés et sûrement brûlés à distance donc.

Si Charlotte et Cooper s’occupaient l’esprit et s’activaient pour aider, elle à l’infirmerie et lui en faisant de la manutention et en aidant à l'accueil des nouveaux réfugiés, ce n’était pas le cas de tout le monde. Certains avaient énormément de mal à gérer la situation. Certains souffraient physiquement de blessures dûs aux émeutes ou étaient déjà blessés avant les évènements pour diverses raisons. D’autres souffraient de chocs post-traumatiques ou de symptômes dépressifs ou d’angoisses à degré variés.

Les gens étaient déboussolés, déracinés, séparés de leur famille, loin de chez eux, de leur habitude, de leurs appartements, sans nouvelles de leurs proches. Ces chamboulements les plongeaient dans des états de stress importants et si certains s’occupaient l’esprit ou s'anesthésiaient physiquement en faisant du sport ou des tâches physiques d’autres erraient littéralement dans les lieux. Ils s'aggloméraient en petits groupes et dissertaient sur leurs angoisses. Cooper s’attelait parfois à leur changer les idées en proposant des activités diverses mais Charlotte s’en désintéréssait complètement.

Elle n’aimait pas cette mentalité pleurnicheuse et fataliste. Charlotte savait faire preuve d’énormément d’empathie, de justesse et de patience avec ceux qui souffraient, les personnes âgées, les enfants qui étaient complètement déboussolés ou envers ceux qui avaient perdu des membres de leur familles. Mais ceux qui se laissaient abattre sans raisons n’était pas à son goût. Il y avait une vraie différence dans ces gestes et ses soins malgré elle. Elle essayait pourtant de ne rien laisser paraître mais c’était peine perdue.

Cooper lui avait souvent fait la réflexion lorsqu’il venait prêter main forte à l’infirmerie.

Lui sympathisait facilement avec tout le monde. Jeunes, vieux, hommes, femmes, sans distinction. Il avait une humeur égale, calme et optimiste. Charlotte ne le connaissait pas assez pour dire s’il s’agissait d’un masque ou de son vrai tempérament. Il lui semblait qu’il n’y avait aucun calcul chez lui.

C’était elle qui changeait les pansements, tendait les verres d’eau, tapait les coussins, vidait les poches mais c’était qui avait la sympathie des gens. Elle ne créait pas vraiment de liens avec les autres. Elle les voyait comme des éléments de passage et ne prenait pas le temps de développer une relation. La jeune femme voyait les gens s’étonner de  voir Cooper parvenir à arracher un sourire ou un rire à Charlotte. Mais avec les gens qu’elle croisait régulièrement, elle se permettait d'interagir un peu plus.

Mais elle ne sympathisait pas avec les patients. Pas tant qu’ils étaient à l’infirmerie. Depuis son arrivée, seulement 7 jours plus tôt, 9 personnes avaient déjà passé l’arme à gauche. Et 2 “aides-soignants” avaient jeté l’éponge. Il s’occupait maintenant des patients moins graves pour l’un et des enfants pour l’autre. Charlotte avait parfois des moments de recul sur certaines blessures ou des coups de mou quand une personne décédait mais sa faculté à prendre du recul lui épargnait les maux qui touchaient ses collègues.

Insensible ? Egoïste ? Sans coeur ? Charlotte se voyait plutôt forte et imperturbable. Certains patients notamment la laissaient de marbre.

Comme ce quinquagénaire dépressif qui était arrivé couvert de sang, de boue et de sueur. Avec une entorse au poignet car les militaires n’avaient pas fait dans la dentelle. Le bonhomme devait en effet mesurer 1.80m pour 90 kilos. Ses yeux noisettes faisaient chavirer même la chirurgienne qui supervisait les soigneurs mais d’après Charlotte il ressemblait plus à un chihuahua pleurnicheur. L’homme était clairement en état de choc, la jeune femme ne le niait pas.

Mais il aurait pu être placé ailleurs qu’à l’infirmerie. Il avait passé 5 putains de jour couché, à regarder par la fenêtre, les larmes aux yeux, son bras replié contre le torse.
Charlotte pouvait comprendre que les gens s'effondrent mais certains se complaisaient dans ce cercle vicieux où elle ne voulait pas tomber.

Une semaine après son départ de la ville, la jeune femme assurait la surveillance des patients de nuit. Ce qui était plutôt calme. Elle devait parfois redonner un cachet ou deux et les verres d’eau associé mais rien de grave. Les autres soirs avaient été bien plus sportifs car elle avait veillé de jour ou de nuit, les patients les plus gravement blessés. Mais on avait décidé qu’elle avait besoin de repos et malgré ses protestations on l’avait affecté à la salle où les patients étaient en convalescence.

Il était presque 4h du matin lorsqu’elle vit l’un des patients se lever et s’avancer                                                                                                                          vers son bureau. Ils n’avaient pas le droit de se lever sans autorisation mais celui là semblait s’en cogner allégrement. Un coup d’oeil lui permit de l’identifier.

C’était l’armoire à glace pleurnicheuse. A voix basse mais ferme elle l’interpella :

Hé vous ! Vous n’avez pas le droit de vous lever sans autorisation.

C’était une règle stupide aux yeux de Charlotte. Car comme beaucoup d’autres, elle n’avait pas encore compris que les morts pouvaient marcher. Mais heureusement pour elle, cet homme était encore bien vivant.

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La première nuit



Un camion entrait dans la cour du lycée qui servait aujourd’hui de camp de réfugiés. L’endroit avait été réhabilité avec une rapidité déconcertante et ressemblait aujourd’hui davantage à une prison qu’à un lieu d’éducation. Ironique pour quelqu’un qui n’avait jamais vraiment apprécié ni l’école ni tout le système qui allait derrière. Des murs de sable ici et là, des barbelés et des barrages de béton de l’autre côté. A l’intérieur, comme à l’extérieur, la situation ne semblait ni s’améliorer ni s’aggraver. Certains entraient et ne ressortaient plus jamais, d’autres sortaient et ne revenaient plus jamais. Bien sûr, il y avait des morts mais on communiquait très peu, le moins possible. Les corps étaient amenés à part et probablement brûlés. Maxime ne sortait pas trop de cette salle dédié désormais à la réhabilitation des quelques chanceux seulement blessés mais la fumée et les camions qui partaient discrètement la nuit trahissaient la triste vérité.

Avec tout ça, le temps semblait s’être figé. On brassait visiblement de l’air dans ce foutoir militarisé, les rescapés et autres survivants s’étaient donnés différents rôles pour garder la tête froide, soit disant pour aider mais surtout pour oublier et s’occuper l’esprit. Les militaires partaient en reconnaissance, patrouillaient dans le secteur et avait imposé une sorte de couvre-feux. Ils partaient parfois dans des missions gardés secrètes, dans des sauvetages parfois brillamment effectués, et parfois beaucoup moins. Mais rien ne semblait bouger. Tous ces décors, ces mouvements de solidarité, d’humanité, ce semblant de sécurité instauré étaient beau et appréciable.

Mais n’était-ce pas une simple illusion ? Était-ce pas une façon de se voiler la face et de s’accrocher à quelque chose ? Comment était la situation à l’extérieur ?

Il y avait cette sensation désagréable d’être enfermer dans une boule à neige. Tout était calme, plat. On secouait de temps en temps la poudre blanche pour faire joli mais ils étaient en réalité piégés et observés…  Pourrait-on rentrer un jour chez nous ? Les gens ne donnaient plus l’air de se poser ses questions. Ils se contentaient d’apprécier l’instant présent, comme si l’armée pouvait apporter un regain d’espoir. C’était peut-être ingrat de la part de Maxime qui avait chialé toutes les larmes de son corps quand il avait vu le bout de leurs canons pointés sur son front. Il lui avait cependant suffi d’une nuit dans ce trou à rat pour voir la vérité en face. La vérité, c’était qu’il avait été menotté, à moitié tabassé, on lui avait cassé le poignée et on l’avait interrogé comme si sa venue dans cette ville maudite avait été l’élément déclencheur de tous ces événements. Et dès cet instant, pour Maxime il était clair que les militaires étaient dépassés, ils n’en savaient pas plus qu’eux et tout ça allait forcément déraper un moment ou un autre. La vérité… ? Combien de temps allaient-ils rester enfermés ici ? Combien de temps allaient-ils encore tenir ?

Concrètement, c’était avec ce genre de pensées sombres, noires et néfastes que Maxime avait passé les cinq derniers jours. A regarder par la fenêtre, à essayer de comprendre, d’en apprendre davantage en observant et surtout à réfléchir à ses autres options. Qu’il le veuille ou non, tout ça l’affectait. Il voyait bien comment les infirmières le regardaient. Certaines semblaient avoir de la compassion, d’autres de l’incompréhension voir de la peur. Qu’il le veuille ou non, quelque chose avait changé dans son regard. Tout repassait sans cesse dans sa tête, il ressassait ses images de terreurs et de souffrances. La chance qu’il avait eu, lui qui était littéralement passé entre les mailles du filet. Que pouvait-il faire d’autres ? Les infirmières lui avaient dit de se reposer et de rester en convalescence de toute façon, non ? C’est ce qu’il avait fait. Il passait donc ses nuits à se réveiller en sursaut, à faire des cauchemars, à revoir toutes les horreurs qu’il avait pu voir, celles qu’il avait dû commettre pour rester en vie. A tous ces morts, ceux qui se relevaient, tout ce sang et toute cette chair…





Cette porte… Cette foutue porte encore et toujours. Ce grincement strident qu’elle fit à son ouverture. Cette silhouette. Il ne peut plus bouger, il est tétanisé, totalement paralysé par la peur. Ce râle guttural, ces gargouillis atroces et dégoûtant. Cette chose inhumaine à la gueule démontée, à moitié déchiqueté. Ce sourire narquois, excentrique qui semble se moquer de lui. Ces yeux vitreux qui le transpercent du regard et qui lui glace le sang. Elle marche dans sa direction, sa cheville disloquée qui traîne sur le sol. Ses tripes. Cette odeur. Ô Cette odeur... Le bruit. Le craquement de ses os sous les chocs répétés. La chair qui explose, ses dents qui volent en éclat. Les impacts, ses poings qui tambourinent une mélodie meurtrière. Cette assurance terrifiante. Ce déferlement de haine. Ce cri pour la survie. Tout ce sang. Le bruit. L’abominable son que son crâne fait quand il s’ouvre…





Maxime se réveille en sursaut. Encore. Il respire fort. Il regarde ses mains, sans succès dans le noir. Elle tremble. Il dégouline. Il a l’impression d’être couvert de sang. Il se lève, il titube à moitié. Il manque de se cogner contre un meuble  et avance maladroitement vers la fenêtre. Il approche ses mains le plus possible, tentant de capturer la moindre lumière que la nuit pourrait lui offrir. Il tremble, se frotte les mains pour effacer des tâches qui n’existent que dans son esprit.


- « Hé vous ! Vous n’avez pas le droit de vous lever sans autorisation. »


Il sursaute et se retourne vers la voix qui l’interpelle. Il ne reconnait pas bien son interlocutrice mais il s’agissait probablement d’une des infirmières. Qui d’autres ? À voix basse et avec la même fermeté, il lui répondit sans vraiment réfléchir. Comme si de toute façon il avait besoin de parler enfin à quelqu’un.


- « Ah ! Au diable les droits et les autorisations ! Je crois qu’on a largement dépassé toutes ces conneries… »


Et comme s’il essayait de soutirer des informations qu’elle n’avait sûrement pas, il ajouta :


- «  Vous savez, quelque chose m’interpelle depuis mon arrivée ici. J’ai l’impression qu’on nous cache des choses et que la situation est bien plus pire qu’on ne pourrait l’imaginer. J’observe beaucoup ce qu’il se passe depuis mon arrivée, je regarde un peu autour de moi et,… Nous sommes dans un collège ou un lycée, n’est-ce pas ? »  Il attendit un court instant, comme s’il souhaitait capter d’abord son attention et comme s’il souhaitait convaincre cette personne de l’absurdité de leur situation.


- « Mais alors… Où sont tous les enfants ? »



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La première nuit
La mine défaite et la démarche approximative, l’individu ne semblait pas vraiment faire cas de Charlotte. Ses yeux furent directement attiré par la fenêtre et il s'accrochait au rebord si fort que ses phalanges étaient blanches. Nerveusement, il frotta ses avants bras. Et la jeune femme comprit. Elle avait vu des blessés arriver couvert de sang, le leur ou ceux d’un autre, se frotter de la même manière.

Souvent, ils ne faisaient qu’étaler le sang encore plus et n’en était que plus désespérée. Une petite proportion gardait quelques temps encore ce réflexe. C’était surtout provisoire. Un signe passager de stress intense. Charlotte n’avait pas été couverte de sang. Mais même quand elle quittait l’infirmerie c’était l’odeur du sang, si particulière, qui restait dans son nez. Chaque centimètre carré de sa peau, chacun de ses cheveux, chaque fibre de ses vêtements semblaient s’en être imprégné.

Nerveux ? Sa réponse l’était en tout cas.

- « Ah ! Au diable les droits et les autorisations ! Je crois qu’on a largement dépassé toutes ces conneries… »


Ouch. Définitivement nerveux. Au bout de 5 jours de repos, il semblait décider à sortir de sa retraite. Il avait bien répondu à voix basse également. Au moins, leur échange ne réveillerait pas les autres. La paisible garde de Charlotte aurait pris une toute autre tournure sinon. Elle allait le recadre fermement et lui demander de retourner mais l’individu n’avait pas fini.

- «  Vous savez, quelque chose m’interpelle depuis mon arrivée ici. J’ai l’impression qu’on nous cache des choses et que la situation est bien plus pire qu’on ne pourrait l’imaginer. J’observe beaucoup ce qu’il se passe depuis mon arrivée, je regarde un peu autour de moi et,… Nous sommes dans un collège ou un lycée, n’est-ce pas ? »  


Charlotte voulait bien le croire mais depuis sa fenêtre il n’avait pas dû voir grand chose n’est-ce pas ? La psychose et les état nerveux étaient attendus dans le contexte où ils se trouvaient. Malheureusement ils n’avaient pas de psychologue à porter de main. Il leur fallait composer comme ils pouvaient.

Charlotte et toute sa famille de chirurgien, secrétaire de notaire, oncologue et pédiatrie, avait une foi absolu dans le système et les lois. L’étudiante prévoyait même d’en faire son métier. Ils faisaient parti des privilégiés et chérissait le travail et l’obéissance. Elle avait confiance dans leur gouvernement.

On leur cachait des choses, ça c’était un fait. Charlotte l’avait compris assez tôt. Parfois, il valait mieux ignorer les faits. Elle pensa à la voie rapide qu’ils avaient traversés avec Cooper. Des morts sur les routes. Beaucoup de voitures vides. Et trop peu de vivants. Les gens avaient fui la ville sous l’effet de panique mais où étaient-ils passés ? Charlotte avait fui en train et elle avait l’impression que ⅔ de la population s’étaient volatilisés dans l’intervalle. Elle avait fui sans vraiment comprendre ce qu’elle fuyait jusqu’à cet homme dans le train. Jusqu’à voir le troupeau de malades foncés sur eux. La question était légitime.

- « Mais alors… Où sont tous les enfants ? »

Charlotte sourit. La question était légitime mais la conclusion n’était pas bonne. Pourquoi étaient-ils si peu d’individus ici ? Ils étaient environ 500 âmes ici dans le complexe. Ce qui était pas mal mais relativement peu par rapport à la population de Standford. L’étudiante savait de source sûre que d’autres camps existaient non loin. Mais il y avait peu de chances qu’ils soient aussi vastes que celui-ci ?

Là n’était pas la question de l’homme. Charlotte se devait de lui répondre malgré tout.

- Les enfants ? Ils sont dans l’autre bâtiment. On est dans un lycée. Le bâtiment a une forme de H donc 4 ailes différentes, un bâtiment central et deux cours. Votre chambre donne sur la plus petite. C’est là où on “accueille” les gens. ça évite de mélanger.



Devant le regard surpris de son interlocuteur, elle savoura un peu son effet.

- Suivez moi. Ne faites pas de bruit.

Avec les pas les plus feutrés possibles, elle traversa la salle, l’homme sur ses talons. Évidemment elle ne pouvait pas aller bien plus loin que le couloir. Mais Charlotte n’avait pas besoin de plus pour prouver ses dires. A côté de la porte, le plan du lycée. Elle montra l’aile où ils se trouvaient et expliqua.

- Ici, on garde les patients qui sont le plus en forme. Comme vous. C’est un peu l’aile de repos, on stocke aussi pas mal de matériels. Là, elle montra l’aile qui faisait la continuité, c’est des dortoirs. La partie centrale, on a le réfectoire, la salle principale, salles de réunions où on gère un peu le recensement. Cette aile là, opposée au dortoir, c’est là où on a regroupé en priorité les familles. On a mis des salles de “classes” au rez de chaussée et les enfants jouent dans cette cour. L’aile en face de la vôtre et avec qui on partage la cour, c’est la partie la plus surveillée. Pour les patients en quarantaine.

Elle le laissa méditer un peu sur le plan et en profita pour jeter un coup d’oeil à l’intérieur de la salle. Pas un bruit.

- Si vous voulez, je vous transférer dès demain dans la partie dortoir. Que vous puissiez voir les autres. Elle fit une pause. Vous avez raison. On nous cache des choses. Mais est-ce que vous avez vraiment envie de les voir vous ?

L’homme semblait franchement mal à l’aise, perdu et sceptique. Charlotte se doutait qu’il ne la croyait pas trop.

- Si je vous montre une autre preuve, vous arrêtez de vous agiter ?

Pour autant, elle n’attendit pas sa réponse. La salle où ils étaient n’avaient pas de fenêtres qui donnaient sur le couloir. Charlotte supposait qu’elle devait servir de bureau. Les autres étaient des salles de classes avec des vitres qui donnaient sur le couloir. La salle d’en face et celles les plus proches étaient remplis de personnes qui dormaient pour la plupart. Des adultes et des adolescents. Mais les trois salles les plus au fond du couloir étaient occupés par des humains modèles réduits qui avaient besoin de plus de calme.

La salle de droite accueillaient des adolescents de moins de 15 ans et de plus de 8 ans. Ceux qui ne ronflaient pas en tout cas. Celles du milieu étaient réservés aux soignants en repos. Uniquement ceux dont les compétences étaient trop précieuses et urgentes pour être envoyés à l’autre bout du bâtiment.

Et la plus à gauche, était moins pleine. 2 personnes s’y trouvaient à pleins temps. Elles s’occupaient des enfants et des bébés les plus jeunes qui nécessitaient des soins plus régulières par leur âge ou leur état. Fracture, entorse et maladies non virales. D’autres attendaient juste que leurs parents soient remis sur pied. D’autres étaient orphelins. Leurs petites poitrines se soulevaient à rythme régulier.

- Prenez votre temps pour réfléchir à tout ça mais ne trainez pas. Et ne vous éloignez pas évidemment. Je serais à mon bureau si vous voulez discuter.


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La première nuit




La jeune femme sourit. Un sourire à la fois moqueur et carnassier. Il ne manquait qu’un soupir sarcastique juste avant la réponse qu’elle allait lui donner pour parfaire l’image que ce drôle de personnage lui renvoyait. Elle donnait en effet un semblant de contrôle qui surprenait mais aussi exaspérait Maxime. Comment pouvait-on avoir une telle assurance dans une telle situation ? Est-ce qu’elle se donnait des airs ou n’avait-elle juste pas réellement conscience de ce qui était en train de se passer. Instinctivement, il peignait dans son esprit une femme bercée  probablement jusqu’à ses 25 ans par ses parents. Une femme qui n’avait jamais eu de besoins financiers ou matériels. Son ton marqua instantanément le visage de Maxime, ce qui lui donnait un air béat et surpris.

- Les enfants ? Ils sont dans l’autre bâtiment. On est dans un lycée. Le bâtiment a une forme de H donc 4 ailes différentes, un bâtiment central et deux cours. Votre chambre donne sur la plus petite. C’est là où on “accueille” les gens. ça évite de mélanger.

Elle marqua quelques instants une pause, laissant Maxime digéré l’information dans un premier temps. La perversité de cette femme y était pour quelque chose, il crut même un moment qu’elle se délectait de ses émotions. Elle reprit.

- Suivez moi. Ne faites pas de bruit.

Elle fit demi-tour et traversa la salle à pas de loup, Maxime la suivit de près en l’imitant nonchalamment. Une fois qu’ils se trouvaient dans le couloir, elle s’approcha d’un plan du lycée et lui montra l’aile où ils se trouvaient. Continuant dans les explications, elle ajouta donc, toujours avec son énervante assurance.

- Ici, on garde les patients qui sont le plus en forme. Comme vous. C’est un peu l’aile de repos, on stocke aussi pas mal de matériels. Là, c’est des dortoirs. La partie centrale, on a le réfectoire, la salle principale, salles de réunions où on gère un peu le recensement. Cette aile-là, opposée au dortoir, c’est là où on a regroupé en priorité les familles. On a mis des salles de “classes” au rez-de-chaussée et les enfants jouent dans cette cour. L’aile en face de la vôtre et avec qui on partage la cour, c’est la partie la plus surveillée. Pour les patients en quarantaine.

Maxime observait le plan et tentait d’enregistrer toutes ces informations. Il essayait d’en tirer d’éventuelles conclusions et de comprendre le mode de fonctionnement du camp. La jeune femme jeta un coup d’œil à l’intérieur de la salle et d’un air rassuré ajouta.

- Si vous voulez, je vous transférer dès demain dans la partie dortoir. Que vous puissiez voir les autres. Elle fit une pause. Vous avez raison. On nous cache des choses. Mais est-ce que vous avez vraiment envie de les voir vous ?

Maxime ne comprit pas trop sa question. Elle en révélait en réalité un peu plus sur elle. Elle semblait avoir de l’assurance et un besoin compulsif de contrôle. Cette question montrait qu’elle se terrait, qu’elle jouait un rôle pour s’occuper l’esprit, occuper une place. Bien sûr que Maxime voulait savoir la vérité. La vérité était source de pouvoir. C’était après tout son métier de trouver la fin d’une histoire. Devant autant de perplexité et de septicité, elle l’interpella de nouveau avant qu’il ne puisse lui répondre.

- Si je vous montre une autre preuve, vous arrêtez de vous agiter ?

Une autre preuve de quoi ? Que peut-elle bien lui montrer de plus ? Un établissement de cette capacité, ça pouvait accueillir combien ? 1.000 ? 2.000 ? 3.000 personnes ? Il y avait-il d’autres camps comme celui-là ? Quand est-il des autres ? Une ville comme Stanford compte entre 15.000 et 20.000 personnes. Elle pouvait lui montrer autant de personnes qu’elle voulait, ça ne changeait rien vraiment à ce qu’il pensait. Elle n’attendit pas sa réponse et commençait à lui faire un tour des salles où des gens dormaient. Des dortoirs improvisés qui accueillaient des adultes, des adolescents et même des gosses, des bébés.

- «Prenez votre temps pour réfléchir à tout ça mais ne trainez pas. Et ne vous éloignez pas évidemment. Je serais à mon bureau si vous voulez discuter.

Maxime soupira. « ne vous éloignez pas ». Paraissait-il si vieux que ça ? Il tentait de garder son calme du mieux qu’il le pouvait mais il était difficile de ne pas se laisser emporter. Tous les événements lui revenaient à l’esprit et lui collaient au crâne d’une manière suffisamment désagréable pour qu'il se frotte hardiment les tempes. La colère le gagnait et il avait envie de secouer cette jeune inconsciente. Il la rejoignit assez rapidement jusque dans son bureau. Il ferma la porte derrière lui pour parler sur un ton plus adéquat  avec ses sentiments.

- « Qu’est-ce que cela change ? Ce n’est pas parce que vous me montrez une classe de 15 ado’s et 3 bébés qui se courent après que ça va changer ce que je viens de vous dire. Oui il y a des survivants et encore heureux, mais cherchez pas à me baratiner en me les montrant comme si j’étais un vieux gâteux capricieux. Est-ce que vous étiez dehors quand tout a commencé ou vous a-t-on directement conduit à ce camp ? Parce que je n’ai pas l’impression que vous comprenez vraiment ce qu’il se passe au vu de vos réactions. »

Maxime reprit son souffle un instant. Il roula des épaules pour s'étirer et leva les yeux au ciel, cherchant désespérément le calme dont il avait besoin. Il laissa retomber ses bras comme pour lâcher un poids qui était trop important à cet instant pour lui de supporter. Il expira et reprit la parole sur une toute nouvelle base.

- « Je… hum... Comment est-ce que vous vous appelez ? »  



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La première nuit



Charlotte l’entendit soupirer dans son dos. L’homme avait raison : la situation n’était pas si simple qu’elle ne le prétendait. Le fait était que les communications étaient actuellement coupées. Plus de téléphone, quasiment plus d’internet. Pas de wifi ici et plus de 4G, 3G ni même H+. L’électricité fonctionnait encore mais ils étaient demandés à chacun de l’utiliser de manière raisonnée. Seule l’armée et les forces de police présentes avaient accès à internet. Des talkies walkies avaient été fournis pour pallier au manque de téléphone.

Surtout contacter ses proches en dehors du lycée n’étaient pas permis. Des listes de personnes présentes dans d’autres camps avaient circulés et des familles avaient regroupées dans le courant de la semaine. Mais aucune information ne filtrait en provenance des états voisins.

L’homme referma la porte. La jeune femme ne tenait pas non plus qu’un autre patient entende ce qu’il avait à dire. Si il y avait un mot d’ordre à retenir c’était celui-ci : calme. On leur demandait à tout niveau de maintenir le calme. On aurait tout aussi bien pu dire “discipline”. Dans l’esprit des militaires cela n’avait pas vraiment d’importance. Les ressources en personnels et matériels n’étaient pas suffisantes pour laisser les états d’âmes de gens s’exprimer. Les frondeurs n’étaient pas encouragés.

- « Qu’est-ce que cela change ? Ce n’est pas parce que vous me montrez une classe de 15 ado’s et 3 bébés qui se courent après que ça va changer ce que je viens de vous dire. Oui il y a des survivants et encore heureux, mais cherchez pas à me baratiner en me les montrant comme si j’étais un vieux gâteux capricieux. Est-ce que vous étiez dehors quand tout a commencé ou vous a-t-on directement conduit à ce camp ? Parce que je n’ai pas l’impression que vous comprenez vraiment ce qu’il se passe au vu de vos réactions. »

Cela ne changeait pas grand chose en effet. Le calme et la répartie de Charlotte l’agaçait visiblement. Il ne voulait pas être rassuré. Maxime, son nom venait de lui revenir, voulait qu’on lui expose des faits, de la réalité, que la vérité lui soit révélée. Mais était-il réellement prêt à y faire face ? L’étudiante n’en était pas persuadée. La vérité qu’on leur servait n’était pas complète. Certains imaginaient des complots, des mensonges et des cachotteries. Beaucoup étaient persuadés comme Maxime qu’on cherchait à leur dissimuler la vérité de leur situation.

Charlotte envisageait une situation pire que celle-ci. La jeune femme était persuadée qu’on ne leur disait rien car eux-mêmes ne connaissaient la situation. Il aurait été bien plus simple de communiquer et de rassurer les gens sur la situation de tel ou tel état. Mais ils avaient eu même l’air de ne rien savoir.

La jeune femme resta impassible par rapport à ses paroles. Il n’était pas le premier à tenter de la déboussoler, de la faire sortir de ses gonds, pour lui tirer les vers du nez. Mais elle ne savait rien de plus. Rien de sûr en tout cas. Elle le laissa reprendre ses esprits. Elle eut un petit sourir quand il lui demanda son nom.

- « Je… hum... Comment est-ce que vous vous appelez ? »  

La joute verbale s’achevait. Il semblait prêt à débuter une vraie discussion. ça tombait bien elle était prête à discuter avec lui.

- "Charlotte. Charlotte Becker. J’étais bénévole dans un hôpital après qu’ils aient arrêté les cours et je rejoignais ma famille lorsque la situation a dégénérée. Le train n’est jamais arrivé à destination et avec un autre passager, on avait décidé de faire le chemin à pied. On a été poursuivi par des malades. On a passé la nuit cachée et le lendemain on a été récupéré de manière musclée par des militaires. Elle désigna le bras de Maxime et ajouta : mais je pense que vous voyez de quoi je parle.

Les militaires qui l’avaient déposés ici avaient reconnus l’avoir un peu chahuté. Non pas que l’homme ait tenté de faire de la résistance mais ils avaient préférés faire dans la prudence car Maxime était imposant et baraqué. Ils avaient choisis la prudence craignant un peu qu’il se rebelle.

- "Il y a d’autres camps mais vous avez raison : le compte n’y est pas. Peut être qu’on nous cache des choses ou peut être pas. Peut être qu’il n’y a rien à cacher ? Je n’ai pas passé assez de temps dehors pour le savoir. On a quelques personnes qui sont ramassés encore tout les jours et ramener ici. J’en déduis qu’il doit rester des gens dehors. Et on a des gens qui partent rejoindre leurs familles dans d’autres ou qui viennent la rejoindre ici. Il y a d’autres camps c’est une certitude. Combien ? Je ne sais pas. Où ? Je ne sais pas. Pour tout vous dire, on a une vision globale de ce qui se passe à Stanford et dans ces alentours. Au delà de l’Etat de New York, c’est le silence radio. "

Charlotte avait la bouchée déshydratée à force de parler à Maxime. L’air sec de l’infirmerie la faisait tousser, ses lèvres et ses yeux étaient constamment asséchée. Par chance, il restait de l’eau bouillante sur le réchaud.

- "Je vais me faire une tisane. Vous en voulez une ?"



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La jeune femme gardait son calme encore et toujours. Il était clair que son impassibilité déstabilisait Maxime.

- « Charlotte. Charlotte Becker. J’étais bénévole dans un hôpital après qu’ils aient arrêté les cours et je rejoignais ma famille lorsque la situation a dégénérée. Le train n’est jamais arrivé à destination et avec un autre passager, on avait décidé de faire le chemin à pied. On a été poursuivi par des malades. On a passé la nuit cachée et le lendemain on a été récupéré de manière musclée par des militaires. » Elle désigna le bras de Maxime et ajouta : « mais je pense que vous voyez de quoi je parle. »

Maxime acquiesça. Il était vrai que les militaires qui l’avaient récupéré dans cet enfer n’y étaient pas allés de mains mortes. Malgré son physique et sa carrure, il était plus un intellectuel qu'autre chose.

- « Il y a d’autres camps mais vous avez raison : le compte n’y est pas. Peut-être qu’on nous cache des choses ou peut-être pas. Peut-être qu’il n’y a rien à cacher ? Je n’ai pas passé assez de temps dehors pour le savoir. On a quelques personnes qui sont ramassés encore tous les jours et ramener ici. J’en déduis qu’il doit rester des gens dehors. Et on a des gens qui partent rejoindre leurs familles dans d’autres ou qui viennent la rejoindre ici. Il y a d’autres camps c’est une certitude. Combien ? Je ne sais pas. Où ? Je ne sais pas. Pour tout vous dire, on a une vision globale de ce qui se passe à Stanford et dans ces alentours. Au-delà de l’État de New York, c’est le silence radio. »

Charlotte reconnaissait n’avoir passé peu de temps dehors. Maxime, lui, ignorait réellement combien de temps il avait passé dehors mais cela lui suffisait amplement. « Des choses à cacher ». Difficile à dire puisqu’il était fort probable que la majorité des militaires ici présents n’aient également aucune idée de ce qui se tramait réellement. Ce « silence radio » était néanmoins préoccupant.

« Tousse ! Tousse »

Charlotte se raclait la gorge et toussait. Était-elle malade ? Maxime l’observait, gardant un peu ses distances, presque sur le qui-vive. Il était vrai qu’il était de manière générale plutôt solitaire, méfiant et qu’il accordait sa confiance à peu de personnes. Un « flash ». Maxime pensait brièvement à Brian puis à Merlin. Le contexte et la situation actuelle amplifiait ses émotions et tendait à la paranoïa. Il essayait de garder son calme mais ses soupirs trahissaient une certaine tension. Ce court silence suffisait à entendre son nez siffloter la fameuse mélodie du stress. Charlotte se tournait, regardait dans un coin de la pièce et se tournait vers lui, toujours de son air détendu.

- « Je vais me faire une tisane. Vous en voulez une ? »

Maxime esquissa un sourire, se sentant plus stupide qu’autre chose.

- « Oui, je veux bien. Merci.»

Charlotte commençait à remplir la bouilloire et à l’installer sur son socle. Le « clac » typique lançait ainsi le top départ pour l’eau qui s’impatientait déjà. Et pendant que celle-ci s’agitait de plus en plus, les pensées de Maxime se bousculaient dans sa tête avec tout autant d’entrain. Après un court silence un peu génant, l’homme prenait son courage à deux mains pour enfin lancer une vraie discussion.

« Vous les appelez les malades ? Vous avez vu ces…» il ne trouvait pas de vrais mots à prêter à ces êtres. Ce n’était plus des humains, il avait encore leur apparence mais c’était devenu des bêtes sauvages, des monstres. « Vous les avez vu de près ? Alors c’est vraiment une maladie ? Vous pensez que ça se soigne ? »

Charlotte n’en savait probablement pas plus que lui. Elle était cependant bénévole à l'hôpital. Elle en a sûrement vu plus que d’autres, sans l’ombre d’un doute. Maxime tentait de garder son calme et de réunir toutes les questions qui lui traversaient l’esprit. Celles-ci n'étaient cependant pas anodines. Il repensait en effet à cette femme qu’il avait… tué ? Pouvait-on vraiment dire ça ? Il eut un léger hoquet en repensant à tout ce sang, à ces tripes, à cette démarche affreuse… Non. Maxime refusait de simplement les assimiler à des malades. C’était bien plus que ça, ça ne pouvait pas être autrement. Il devait garder son calme, à tout prix. Un poids insupportable appuyait sur sa poitrine. Un mélange de peur, de rancœur, d’adrénaline et de dégoût. Un cocktail presque insurmontable pour un homme comme lui qui passait le plus clair de son temps derrière un écran d’ordinateur ou des feuilles de papier. Lui qui écrivait la fiction depuis des années, lui qui avait pourtant une imagination débordante n’arrivait pas à croire ce qu’il avait vu. Il devait en savoir plus avant de complètement vriller. Ce monde était déjà fou. Les choses avaient tourné mal si rapidement et Maxime avait encore des difficultés à relater précisément les dernières heures qu’il avait vécu. Tellement de choses c’était passé. Instinctivement, il ressentait une sorte de besoin compulsif d’écrire, de tout noter. Et donc, avant même que Charlotte ne lui propose une réponse, il ajouta :

« Est-ce que vous sauriez éventuellement où je pourrais trouver de quoi écrire ? »




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Malgré la saison, les températures s’étaient brusquement refroidies ces derniers jours. Le lycée était de plus mal isolé et cela se sentait et se voyait au quotidien. Les feuilles des bureaux s’agitaient au rythme des courants d’air, les toiles d’araignées se soulevaient près du contour des fenêtres, les fenêtres se couvraient chaque matin de buée et de rosée et une légère brise leur glaçait souvent les bras et la nuque durant la journée.

La nuit lorsqu’elle était de garde, elle fermait la porte de son petit bureau et surveillait les patients par la vitre qui donnait de son bureau dans la salle de repos. Ainsi, elle parvenait à garder une température à peu près agréable et à éviter le froid. Elle ne se levait que pour aller chercher de l’eau chaude sur le réchaud et elle tenait grâce au café soluble et au thé jusqu’au matin.

Ensuite elle rejoignait une salle de repos. Enveloppée dans ses couvertures, Charlotte sentait tout de même le froid, la nuit. Souvent elle gardait son gilet pour dormir mais cela ne l’empêchait pas vraiment de dormir car elle était souvent épuisée. Pourtant lorsqu’elle dormait le matin après sa garde, elle sentait moins le froid et son sommeil lui semblait cependant plus réparateur.

Cette nuit, elle n’était pas vraiment en forme car elle n’avait pas été de garde la nuit précédente. A vrai dire, elle était ravie que Maxime s’apaise un peu car elle n’aurait pas pu tenir son calme longtemps.

- « Oui, je veux bien. Merci.»

Une distraction enfin. Il lâchait un peu sa garde. Charlotte en profita pour prendre quelques profondes inspirations. Son calme légendaire était durement mis à l’épreuve. D’ordinaire rien ne pouvait l’ébranler mais la diminution brutale de son confort de vie était quelque chose qu’elle avait du mal à accepter. Si extérieurement, elle semblait prendre les choses naturellement et sereinement ce n’était pas si simple. Son côté débrouillarde et son aptitude à faire face l’aidait c’était certain. Mais ce n’était clairement pas suffisant pour les épreuves qu’ils vivaient.

« Vous les appelez les malades ? Vous avez vu ces…Vous les avez vu de près ? Alors c’est vraiment une maladie ? Vous pensez que ça se soigne ? »

La réponse la coupa dans ses pensées. C’était la question que tout le monde posait et à laquelle personne n’avait de réponses. Chacun voulait entendre l’avis des autres et surtout entendre l’avis de ceux qui allaient dans leur sens. Sur un sujet aussi sensible, ce n’était évidemment pas le cas. Et sur la question Charlotte était plutôt pragmatique. Médicalement ces personnes étaient mortes, la réponse était plutôt évidente.

« Est-ce que vous sauriez éventuellement où je pourrais trouver de quoi écrire ? »

Sans avoir eu le temps de formuler une réponse à la première question, Charlotte accueillit la seconde avec une surprise plus grande encore.

"Heu… oui."

Ils étaient dans un lycée après tout. Les fournitures scolaires étaient à peu près la seule dont ils ne manquaient pas. Elle ouvrit l’un des placards et en sortit un stylo, un crayon de papier et un carnet puis lui tendit.

"Tenez. Vous pourrez me donner des lettres pour vos proches si vous le souhaitez. Les militaires essaient de les faire passer au mieux. "

Devait-elle répondre à sa première question ? En essayant de trouver une réponse, elle versa l’eau chaude dans les tasses. Charlotte continuait d’appeler les “malades” ainsi car elle ne voulait affoler personne. Et puis des morts qui marchent. Cooper les appelait les “Morts-vivants”. La jeune femme détestait cette appelation même si c’était celle qui reflétait le mieux la situation. Ce n’était pas rationnel, scientifiquement incompréhensible. Rien ne faisait sens.

A votre première question. Je les ai vus de plus près que je ne l’aurais souhaité. Cela démarre par une maladie. Ensuite je ne sais pas, c’est la seule réponse que je puisse vous faire, je n’en sais pas plus que vous.

C’était la meilleure réponse qu’elle puisse lui apporter. Elle ne voulait pas qu’il recommence à s’agiter maintenant qu’il reprenait ses esprits et son calme après plusieurs jours de mutisme.

"Demain, je vous ferai transférer vers les dortoirs avec les autres. Ce sera un peu moins ennuyant et oppressant que l’infirmerie, vous vous remettrez sûrement plus vite. Allez vous reposer, vous en avez besoin."

Malgré ce qu’on leur disait Charlotte n’était pas sûre que les messages soient réellement envoyés aux familles. Pas s’ils étaient en dehors de la zone de portée des talkies. Certains échangeaient avec leurs familles dans les centres proches mais comme beaucoup elle n’avait pas de nouvelles. Elle ne savait pas si Maxime avait de la famille à proximité mais il avait à priori des gens à contacter.

En attendant sa réponse, Charlotte s’installa à nouveau près de la fenêtre avec son thé et jeta un œil dehors. Il était désormais bien plus de 4h du matin mais dehors la brume ne semblait pas se lever. Il faisait assez froid ce soir-là et la nuit était épaisse. Seuls les phares des camions et quelques projecteurs éclairaient la cour du lycée. Les gens qui avaient été rapatriés dans le camion étaient rentrés dans le bâtiment et des volontaires désinfectaient le camion avec des combinaisons de protection. Un spectacle qui devenait quotidien pour Charlotte.


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